Recueil de textes sur le copyleft, le partage du savoir et l'intelligence collective. Mise à jour du 30 août 2001. Liens :
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La passion du libre
Entretien avec Richard Stallman

Réalisé par Jérôme Gleizes et Aris Papathéodorou, Multitude n°1, février 2000

" - Une des caractéristiques du logiciel libre nous semble être, non seulement de permettre à l'utilisateur d'être libre de modifier le code - de l'adapter à des besoins spécifiques, ou de l'améliorer - mais aussi d'avoir diffusé massivement un modèle de développement coopératif et communautaire du logiciel, qui se révèle aujourd'hui bien plus performant que la logique propriétaire des grandes entreprises du secteur. N'est-ce pas là, justement, une des leçons politiques majeures de la bataille du logiciel libre? [...]
- Je pense que le processus coopératif de développement est un des aspects de ce que signifie le fait d'avoir une communauté libre. Comme tel, c'est important - mais ce n'est pas non plus de la plus haute importance. Dans tous les cas il nous faut avoir la liberté, que nous profitions de celle-ci de cette façon particulière ou non.

[...] - En Europe, certains pensent que, puisqu'aujourd'hui nos sociétés industrielles produisent essentiellement des biens immatériels, avec en particulier des biens d'information, des biens dont le coût de la reproduction est faible (logiciels, livres, CD, etc.), il est nécessaire de verser un revenu socialisé, garanti, sans contrepartie (ce qui a pu être défini comme "revenu de citoyenneté") à toute personne pour "rémunérer" sa participation à la vie en société et sa participation à la production sociale.
- Cela me semble une bonne idée. Aux Etats-Unis, quelque chose de semblable a été avancé dans les années soixante-dix sous le nom d'"impôt négatif". Je ne vois pas le rapport direct avec la question du logiciel libre. Quoique...

[...] - Le risque d'une "interdiction" vous semble donc réel ?
- Oui il y a là un réel danger. Les brevets sur les logiciels représentent cette menace - et cela pour tous les pays d'Europe si la décision est prise en juin 2000 de permettre le brevetage des logiciels au niveau de l'Union européenne. Dans le monde du commerce électronique et du web, les brevets de logiciels sont déjà en train de gouverner votre vie. Il faut aller voir sur le site www.freepatents.org pour plus d'informations sur ce problème et s'organiser politiquement au plus vite pour bloquer ce projet. Nous devons combattre les brevets de logiciels, ou ils feront disparaître notre liberté. [...]

[...] Ce dont nous avons besoin, avant toute chose, de la part des gouvernements c'est qu'ils cessent leurs efforts actifs pour encourager le logiciel propriétaire. Par exemple, aujourd'hui, la politique européenne de subventions encourage les universités à développer du logiciel propriétaire ; s'il y avait à la place une neutralité qui permette aux étudiants et aux équipes de rendre leurs logiciels libres, cela serait un formidable pas en avant. [...] "

Place au Libre

Manifeste de Freescape, 1999 (?)

" [...] Numériques, les créations se détachent de leurs supports matériels et échappent à l'obsession de la rentabilité financière. Images, musiques, algorithmes sillonnent la planète jour et nuit sur le réseau Internet. Et tandis que des armées de juristes planchent sur la manière de vendre les idées et de privatiser le savoir, que des techniciens pervertis imaginent de nouvelles chaînes pour tenter de les réduire en servitude, une rumeur s'élève : oui, glisse-t-elle à nos oreilles, ce savoir, ces idées devraient être le patrimoine de l'humanité, libres comme l'air, libres comme l'eau, libres comme la connaissance.

Initié par les logiciels, cet insaisissable mouvement du Libre s'étend aujourd'hui à l'ensemble des domaines de la production du savoir et de la création, de la musique à l'art, de la littérature à la vidéo...

[...] Au-delà de la gratuité, peut-être même au-delà des valeurs de partage qui soudent cette communauté informelle, le Libre est fondé sur l'idée que, dans le domaine de l'immatériel, l'efficacité sociale, économique et culturelle ne peuvent procéder que de la libre circulation des savoirs et de la libre association des producteurs. [...]"

Freescape - Texte - Archive 2

Manifeste du web indépendant

par le Minirezo, 1er Février 1997

" [...] Le Web indépendant, ce sont ces milliers de sites offrant quelques millions de pages faites de passion, d'opinion, d'information, mises en place par des utilisateurs conscients de leur rôle de citoyens. Le Web indépendant, c'est un lien nouveau entre les individus, une bourse du savoir gratuite, offerte, ouverte ; sans prétention.[...]

[...] Nous invitons donc les utilisateurs à prendre conscience de leur rôle primordial sur l'Internet : lorsqu'ils montent leur propre site, lorsqu'ils envoient des commentaires, critiques et encouragements aux webmestres, lorsqu'ils s'entraident dans les forums et par courrier électronique, ils offrent une information libre et gratuite que d'autres voudraient vendre et contrôler. La pédagogie, l'information, la culture et le débat d'opinion sont le seul fait des utilisateurs, des webmestres indépendants et des initiatives universitaires et associatives. [...]"

uZine2 - Texte - Archive 3

Tous experts !
Des réseaux d'échange de savoirs techno-scientifiques

Aris Papatheodorous, sept 2000

" [...] Nous sommes ainsi, pour la première fois de façon aussi claire peut-être, face à un cycle de production et d'innovation sociale coopératif, collectif et communautaire, qui investit une multitude de sujets en dehors de tous schémas classiques - entreprise capitaliste ou commande publique - de la division du travail, au-delà des seules surdéterminations du marché, et qui repropose la primauté de la valeur d'usage, de l'utilité sociale, non seulement du "produit" mais de ce qu'il contient de savoir, d'innovation, de processus et d'affect. [...]

[...] L'intelligence sociale expérimentée ces dernières années par les différents sujets sociaux qui peuplent le cyberspace doit désormais, d'une certaine façon, trouver les moyens de dépasser les limites d'un cadre micro-communautaire - sorte d'enfermement affinitaire - pour circuler et se diffuser, pour investir des niveaux "de masse", pour conquérir des ouvertures en direction de l'ensemble des utilisateurs aujourd'hui prisonniers de la consommation de produits propriétaires, non tant par "commodité", que parce que la maîtrise de la "technique" constitue aujourd'hui un mur qui leur semble infranchissable.

Cela signifie concrètement que les pratiques de coopération productive, qui ont fait leurs preuves sur le strict terrain du logiciel, peuvent et doivent êtres étendus à d'autres secteurs cognitifs, mais surtout à d'autres sujets sociaux. [...] "

La deuxième révolution Gutemberg !

article de Yves Eudes (in Le Monde, Jeudi 13 août 1998, voyage en utopies 3)

" 'Avant Gutemberg, un livre coûtait aussi cher qu'une maison. L'invention de l'imprimerie a fait qu'en quelques années les prix ont été divisés par quatre cents. Aujourd'hui, Internet peut faire encore mieux, à condition qu'on ne crée pas d'obstacles artificiels.' Depuis un quart de siècle, Michael Hart travaille sans relâche à la réalisation d'un rêve qui lui a vallut pendant longtemps une réputation de farfelu ou d'illuminé : il a décidé de placer sur Internet l'ensemble du patrimoine littéraire de l'humanité, afin de le rendre disponible immédiatement et gratuitement, en tout point du globe, sans contrôle ni formalités. ' Numériser un livre est fastidieux, explique-t-il, mais ensuite il suffit de le placer sur un serveur Internet pour qu'il soit envoyé n'importe où dans le monde en quelques minutes, recopié dans des milliers de foyers, et stocké sur d'autres serveurs, d'où il sera à nouveau téléchargé. Le processus est infini et exponentiel. La bibliothèque planétaire en expansion pérpétuelle, offrant à tous un libre accès au savoir universel, est à notre portée. Je l'ai baptisée 'Projet Gutemberg'.' [...]

Il existe probablement d'autres sites, dont Michael n'a jamais entendu parler, mais tel est précisément le but recherché : "C'est l'aspect le plus radical et le plus novateur du projet. Pour exploiter au mieux l'infinie puissance du net, il faut accepter de perdre tout contrôle sur ce que nous publions. Notre seul exigence est que les serveurs crées à travers le monde soient comme les nôtres, ouverts à tous."

[...] A cause des lois sur le copyright, l'essentiel de la littérature du XX° siècle lui échappe : " J'enrage de ne pas pouvoir offrir au monde Autant en emporte le vent, Hemingway, Burroughs, tous les grands écrivains de ce siècle. C'est profondément injuste. " Or la situation ne fait qu'empirer : " Le copyright est utile, mais il ne devrait pas durer plus de quatorze ans, comme c'était le cas aux Etats-Unis au début du siècle. Or, tous les vingt ans, les grands éditeurs et les multinationales du show-business font pression sur le Congrès pour rallonger sa durée. Cette année, le sénat a voté une loi pour le faire passer de soixante-quinze à quatre-vingt-quinze ans...." [...]"

Le Monde - Texte - Archive 5

Pour une politique de contrôle des droits d'auteurs

Bernard Lang, 30 Août 1997

" [...] L'INRIA a un centre de documentation parmi les mieux pourvus dans ses domaines de recherche. Pourtant ce centre est largement incomplet, et ne peut suivre le coût croissant des publications. Chaque année des abonnements sont supprimés, et il manque des publications majeures mais trop chères (les normes par exemple). On peut bien sûr demander à l'infini des augmentations de crédit, mais il y a bien d'autres urgences. [...]

[...] A ce jour, l'essentiel du travail de publication [scientifique] est fait par les chercheurs : écriture des articles, organisation et gestion des comités éditoriaux, lecture et sélection des articles retenus. Le rôle des éditeurs est devenu dans la plupart des cas tout à fait minime, se bornant à l'impression et à la diffusion (et, parfois, un peu de présentation). Dans ce contexte, reste-t-il bien raisonnable de continuer à leur donner un contrôle exclusif de nos publications, nous interdisant par là-même une diffusion plus souple et moins chère par des moyens numériques, que nous sommes capables d'assurer nous-même, l'archivage pouvant être assuré par les divers centres de documentation et bibliothèques de la planète. En outre, cela réduirait le prix élevé de l'accès à ces informations, qui contribue à en tenir à l'écart les communautés et pays les plus pauvres, voire les PME. [...]

[...] Les travaux des chercheurs sont payés par l'État, que ce soient les résultats proprement dits, ou les articles qui les relatent. Il semble donc un peu surprenant que les chercheurs en disposent de façon totalement libre, et encore plus surprenant qu'ils en cèdent gratuitement les droits exclusifs à des organisations privées qui font ensuite payer le généreux donateur (l'État) quand il souhaite faire des copies des mêmes informations (en fait cela dépasse le cadre d'un pays, mais simplifions ...). [...]

La cathédrale et le bazar

Eric S. Raymond, 1998, version 1.4

" [...] Le style de développement de Linus Torvalds - distribuez vite et souvent, déléguez tout ce que vous pouvez déléguer, soyez ouvert jusqu'à la promiscuité - est venu comme une surprise. À l'opposé de la construction de cathédrales, silencieuse et pleine de vénération, la communauté Linux paraissait plutôt ressembler à un bazar, grouillant de rituels et d'approches différentes (très justement symbolisé par les sites d'archives de Linux, qui acceptaient des contributions de n'importe qui) à partir duquel un système stable et cohérent ne pourrait apparemment émerger que par une succession de miracles.

Le fait que ce style du bazar semblait fonctionner, et bien fonctionner, fut un choc supplémentaire. Alors que j'apprenais à m'y retrouver, je travaillais dur, non seulement sur des projets particuliers, mais encore à essayer de comprendre pourquoi le monde Linux, au lieu de se disloquer dans la confusion la plus totale, paraissait au contraire avancer à pas de géant, à une vitesse inimaginable pour les bâtisseurs de cathédrales. [...] "

Vers un domaine public mondial de l'information

Philippe Quéau, UNESCO, septembre 1997

" [...] Or c'est au moment où l'explosion technologique laisse espérer un surcroît de possibilités pour l'élaboration et la diffusion des informations et des connaissances que se mobilise une coalition de lobbies déterminés à réduire encore plus ce domaine public, à renforcer son appropriation par le privé, et à briser l'équilibre entre les détenteurs de droits de "propriété intellectuelle" et les usagers. [...]

[...] Mieux encore, citons la réaction de votre fédération, l'IFLA (Fédération Internationale des Associations de Bibliothèques) : « Ces propositions vont obstruer plutôt qu'améliorer le flot des informations... La tendance actuelle à la protection des droits d'auteur pour des raisons purement économiques semble être en conflit avec le but originel du copyright de promouvoir le progrès des sciences et des arts. » [...]

[...] C'est pourquoi l'UNESCO a décidé de proposer à ses Etats membres de constituer une véritable "politique" des contenus et une stratégie de promotion d'un domaine public fort, accessible en ligne et hors ligne. Il s'agit de créer une sorte de "cyber-bien commun" global, un espace virtuel d'informations publiques hébergées sur un grand nombre de serveurs ouvrant l'accès aux gisements d'information du domaine public (informations produites par les organisations gouvernementales, informations liées au patrimoine culturel mondial). [...] "

Genèse et subversion du capitalisme informationnel
Linux et les logiciels libres : vers une nouvelle utopie concrète

Olivier Blondeau, janvier 1999

" [...] Pour Pierre Lévy, «l'économie [entendons l'économie classique] repose largement sur le postulat de la rareté des biens. La rareté elle-même se fonde sur le caractère destructeur de la consommation ainsi que sur la nature exclusive ou privative de la cession et de l'acquisition. Or si je vous transmets une information je ne la perds pas et si je l'utilise je ne la détruis pas. Puisque l'information et la connaissance sont à la source des autres formes de richesse et qu'elles comptent parmi les biens économiques majeurs de notre époque, nous pouvons envisager l'émergence d'une économie de l'abondance, dont les concepts, et surtout les pratiques, seraient en rupture profonde avec le fonctionnement de l'économie classique. En fait, nous vivons déjà plus ou moins sous ce régime, mais nous continuons de nous servir des instruments désormais inadéquats de l'économie de rareté». [...]

[...] certains indices montrent qu'il est aujourd'hui possible de commencer à renouer les fils de la conflictualité sociale sur le terrain même des rapports de production. Linux et les logiciels libres portent en effet aujourd'hui la contestation au coeur des rapports de productions capitalistes. Ils démontrent dans une pratique concrète que les logiques propres au mode de production du capitalisme informationnel sont profondément inefficaces et donc improductives. Au-delà de cette critique radicale, la communauté des utilisateurs de Linux construit, en marge des rapports traditionnels de domination, un espace public de coopération qui bouleverse fondamentalement les rapports sociaux et la subjectivité elle-même. Elle n'est d'ailleurs pas sans rappeler la Génération X, ces 'nouvelles élites du savoir' qui refusent, en particulier au Etats-Unis, de s'impliquer totalement dans le travail salarié, conçoivent l'entreprise comme un simple prestataire qui fournit le service du salaire et sont plus motivées par le souci de la valeur éthique ou de l'utilité sociale que par l'éthique du travail. "

Sur les chemins du virtuel

Pierre Levy, 1995 (?)

" [...] Le problème de l'intelligence collective est simple à énoncer mais difficile à résoudre. Des groupes humains peuvent-ils être collectivement plus intelligents, plus sages, plus savants, plus imaginatifs que les personnes qui les composent ? Non pas seulement à long terme, dans la durée de l'histoire technique, des institutions et de la culture, mais ici et maintenant, au fil des événements et des actes quotidiens.

Comment coordonner les intelligences pour qu'elles se multiplient les unes par les autres au lieu de s'annuler ? Y a-t-il moyen d'induire une valorisation réciproque, une exaltation mutuelle des capacités mentales des individus plutôt que de les soumettre à une norme ou de les rabaisser au plus petit commun dénominateur ? On pourrait interpréter toute l'histoire des formes institutionnelles, des langages et des technologies cognitives comme des essais plus ou moins heureux pour résoudre ces problèmes. [...] "

Piège dans le cyberespace

Roberto Di Cosmo, 1997

" [...] Résumons, la technique est simple : d'un côté, on piège les consommateurs en kidnappant leur précieuse information dans un format propriétaire en constante remise en cause qui les oblige à acheter tous les six ou douze mois une mise à jour de toutes leurs applications juste pour pouvoir continuer à lire leurs propres données ou accéder à des informations qui n'auraient nullement besoin d'être présentées sous ce format propriétaire. De l'autre côté, on piège les compétiteurs : on ne leur donne pas la documentation et on introduit des variations arbitraires dont le seul but est de ne pas permettre aux produits qu'ils développent de fonctionner correctement. [...] .

[...] L'informatique et les ordinateurs nous donnent la possibilité de révolutionner notre façon de vivre au quotidien, mais c'est à nous de choisir si cette révolution doit aboutir à un Moyen-Âge technologique obscur dominé par quelques sombres seigneurs féodaux qui s'approprient l'écriture et tout moyen de communication de l'information pour collecter des impôts chaque fois que l'on respire, ou si l'on veut plutôt arriver à un monde ouvert et moderne, où le flux libre de l'information nous permettra de tirer parti des énormes potentialités de la coopération sans barrières et du partage des connaissances. "

Licence Art Libre v1.1

Copyleft Attitude, juillet 2000

" [...] 2.2 LA LIBERTÉ DE DIFFUSER, D'INTERPRÉTER (OU DE REPRÉSENTATION). Vous pouvez diffuser librement les copies de ces oeuvres, modifiées ou non, quel que soit le support, quel que soit le lieu, à titre onéreux ou gratuit si vous respectez toutes les conditions suivantes: - joindre aux copies, cette licence à l'identique, ou indiquer précisément où se trouve la licence, - indiquer au destinataire le nom de l'auteur des originaux, - indiquer au destinataire où il pourra avoir accès aux originaux (originels et/ou conséquents). [...]

2.3 LA LIBERTÉ DE MODIFIER. Vous avez la liberté de modifier les copies des originaux (originels et conséquents), qui peuvent être partielles ou non, dans le respect des conditions prévues à l'article 2.2 en cas de diffusion (ou représentation) de la copie modifiée. [...] "

Le copyleft ou l'état des interrogations quant à l'impact des NTIC en tant qu'élément déstabilisateur des règles de propriété intellectuelle

David Geraud, 12 novembre 1999

" [...] Avertissement : La récurrence de l'emploi du terme ''droit d'auteur'' dans ces lignes, supposées en rapport avec le Copyleft, peut faire craindre aux lecteurs une présentation non libertaire de ce phénomène, ce en quoi ils auront raison. Car cette notion, exprimée notamment par les logiciels libres, est tout sauf l'anarchie mais l'encadrement par un système de licence de la liberté des utilisateurs comme des programmateurs: étudier l'environnent juridique de la création contemporaine peut donc apporter à la matière.

De plus, la seule définition stricte du terme de Copyleft qui peut être donnée de manière objective est…. un calembour dont Richard Stallman est à l'origine. Le Copyleft ne doit donc pas s'entendre comme une notion précise, ce terme n'est repris par aucun texte de loi ni décision de jurisprudence et ne possède donc aucune valeur juridique. Le Copyleft se définit avant tout par la signification que lui donnent les personnes souhaitant écrire sur ce thème. Le choix fait pour ma part de placer ce travail sous ce titre a été guidé par un souci de profiter honteusement de ce phénomène afin de bassement accroître la fréquentation de cette page, ce dont je m'excuse par avance…. [...] "

Sémantique politique de l'informatique libre

Frédéric Couchet, septembre 2000 (?)

" [...] ne vanter que les mérites techniques des logiciels libres en négligeant leur philosophie conduit à une impasse. L'enjeu réel du logiciel libre est avant tout social et politique. Si les logiciels libres suscitent aujourd'hui un intérêt technique à court terme, leur avantage technique n'est que la retombée, après quinze ans de combat, d'un modèle qui vaut surtout par ses effets à long terme. Ne voir que le court terme, c'est s'exposer continuellement à retomber dans les pièges du logiciel propriétaire, c'est ne pas apprendre. Le vrai moteur du Libre Logiciel est bien la Liberté, terme devant être pris dans le sens civique, politique, du terme : liberté d'expression, liberté d'association, liberté d'entreprise, liberté d'user à sa guise de l'information disponible et de la partager, au bénéfice de chacun, donc de tous. [...]

[...] Le mouvement du logiciel libre, se référant à l'utilité sociale, s'oppose à l'appropriation individuelle de la production intellectuelle dans le logiciel.

Profitant actuellement du succès des nouvelles technologies de l'information et de la communication, des groupes d'intérêt se mobilisent pour renforcer les droits de la propriété intellectuelle, au détriment de l'intérêt général qui veut que les connaissances soient un bien public universel, et également au détriment des droits fondamentaux que sont la liberté d'accès à l'information et la liberté d'expression. C'est oublier un peu vite que la motivation originelle et officielle de la propriété intellectuelle était et est toujours de préserver l'intérêt de l'humanité en reversant dans le domaine public une oeuvre qui survit ainsi à son créateur. [...]"

Du numérique à la théorie des mentas

Philippe Ulrich et Sylvain Huet, IMAGINA 1997

" [...] Les caractéristiques des MENTAS sont étrangères à notre monde réel : la notion familière de clonage, est remplacée par celle d'ubiquité. Prenons par exemple une musique codée en numérique, et intéressons nous au MENTA qu'elle contient.

Il est possible de copier cette musique, de manière parfaite, à des milliers d'exemplaires. Les MENTAS qui composent ces copies ne sont pas différents du MENTA de l'original. Ils n'en sont même pas une copie parfaite : non, il s'agit du même MENTA, qui s'est répandu dans plusieurs endroits du monde réel : le MENTA ne se copie pas, il se disperse, acquérant ainsi l'ubiquité. [...] "

Cryo-interactive - Texte - Archive 15

Philosophie de la musique libre

Ram Samudrala, v 1.4, 17 juin 1998

" 1. Qu'est-ce que la philosophie de la musique libre ?
• C'est un système de diffusion de la musique anarchique, mais high tech, reposant sur l'idée que la création, la reproduction et la distribution musicales doivent être des activités aussi libres que le fait de respirer, de cueillir un brin d'herbe ou de se prélasser au soleil.

2. Que signifie le terme «musique libre» ?
• La notion de «musique libre» est semblable à celle de «logiciel libre » et, comme dans le cas du libre accès aux logiciels, le terme «libre» se réfère à la liberté et non au prix. [...]

[...] 18. Que faut-il faire pour libérer la musique ?
Ajoutez la notice suivante à tous les enregistrements, bandes, disques compacts et DAT que vous vendez ou donnez :
"L'autorisation de reproduire, modifier et diffuser les compositions musicales et les enregistrements sonores figurant sur ce disque, à condition que la présente notice soit incluse dans tous les exemplaires réalisés, est accordée pour toute utilisation non commerciale. Si vous vous êtes procuré cet exemplaire par voie de reproduction, si vous trouvez que cette musique a de la valeur et si vous souhaitez la soutenir, envoyez un don, d'un montant correspondant à la valeur que vous attribuez à cette musique, à l'adresse figurant sur la présente notice." [...] La demande de dons est facultative. La restriction aux utilisations non commerciales est également facultative.[...]

[...] À plus long terme, la mainmise des grandes firmes sur la musique que les gens écoutent sera brisée. La musique est devenue une industrie institutionnalisée qui débite des produits musicaux. L'industrie musicale restreint le droit de reproduction et les autres usages de la musique de façon à augmenter le profit, mais le prix à payer est la limitation de la créativité. Cette situation va changer. Il est désormais possible pour les musiciens de diffuser leur message musical directement auprès de leur public grâce à la technologie de pointe, enrichissant à la fois l'artiste et le monde de la musique de toutes les façons possibles. La musique est un processus créatif et un monde d'idées et de passions ; ce n'est pas un produit. [...] "

Freescape - Texte - Archive 16

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