La
passion du libre
Entretien avec Richard Stallman
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Réalisé par Jérôme Gleizes et Aris
Papathéodorou, Multitude
n°1, février 2000
" - Une des caractéristiques du logiciel libre
nous semble être, non seulement de permettre à l'utilisateur
d'être libre de modifier le code - de l'adapter à des besoins
spécifiques, ou de l'améliorer - mais aussi d'avoir diffusé
massivement un modèle de développement coopératif et communautaire
du logiciel, qui se révèle aujourd'hui bien plus performant
que la logique propriétaire des grandes entreprises du secteur.
N'est-ce pas là, justement, une des leçons politiques majeures
de la bataille du logiciel libre? [...]
- Je pense que le processus coopératif de développement
est un des aspects de ce que signifie le fait d'avoir une
communauté libre. Comme tel, c'est important - mais ce n'est
pas non plus de la plus haute importance. Dans tous les
cas il nous faut avoir la liberté, que nous profitions de
celle-ci de cette façon particulière ou non.
[...] - En Europe, certains pensent que, puisqu'aujourd'hui
nos sociétés industrielles produisent essentiellement des
biens immatériels, avec en particulier des biens d'information,
des biens dont le coût de la reproduction est faible (logiciels,
livres, CD, etc.), il est nécessaire de verser un revenu
socialisé, garanti, sans contrepartie (ce qui a pu être
défini comme "revenu de citoyenneté") à toute personne pour
"rémunérer" sa participation à la vie en société et sa participation
à la production sociale.
- Cela me semble une bonne idée. Aux Etats-Unis, quelque
chose de semblable a été avancé dans les années soixante-dix
sous le nom d'"impôt négatif". Je ne vois pas le rapport
direct avec la question du logiciel libre. Quoique...
[...] - Le risque d'une "interdiction" vous semble donc
réel ?
- Oui il y a là un réel danger. Les brevets sur les
logiciels représentent cette menace - et cela pour tous
les pays d'Europe si la décision est prise en juin 2000
de permettre le brevetage des logiciels au niveau de l'Union
européenne. Dans le monde du commerce électronique et du
web, les brevets de logiciels sont déjà en train de gouverner
votre vie. Il faut aller voir sur le site www.freepatents.org
pour plus d'informations sur ce problème et s'organiser
politiquement au plus vite pour bloquer ce projet. Nous
devons combattre les brevets de logiciels, ou ils feront
disparaître notre liberté. [...]
[...] Ce dont nous avons besoin, avant toute chose, de
la part des gouvernements c'est qu'ils cessent leurs efforts
actifs pour encourager le logiciel propriétaire. Par exemple,
aujourd'hui, la politique européenne de subventions encourage
les universités à développer du logiciel propriétaire ;
s'il y avait à la place une neutralité qui permette aux
étudiants et aux équipes de rendre leurs logiciels libres,
cela serait un formidable pas en avant. [...] "
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Place
au Libre
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Manifeste de Freescape,
1999 (?)
" [...] Numériques, les créations se détachent de
leurs supports matériels et échappent à l'obsession de la
rentabilité financière. Images, musiques, algorithmes sillonnent
la planète jour et nuit sur le réseau Internet. Et tandis
que des armées de juristes planchent sur la manière de vendre
les idées et de privatiser le savoir, que des techniciens
pervertis imaginent de nouvelles chaînes pour tenter de
les réduire en servitude, une rumeur s'élève : oui, glisse-t-elle
à nos oreilles, ce savoir, ces idées devraient être le patrimoine
de l'humanité, libres comme l'air, libres comme l'eau, libres
comme la connaissance.
Initié par les logiciels, cet insaisissable mouvement du
Libre s'étend aujourd'hui à l'ensemble des domaines de la
production du savoir et de la création, de la musique à
l'art, de la littérature à la vidéo...
[...] Au-delà de la gratuité, peut-être même au-delà des
valeurs de partage qui soudent cette communauté informelle,
le Libre est fondé sur l'idée que, dans le domaine de l'immatériel,
l'efficacité sociale, économique et culturelle ne peuvent
procéder que de la libre circulation des savoirs et de la
libre association des producteurs. [...]"
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Freescape - Texte
- Archive 2
Manifeste
du web indépendant
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par le Minirezo,
1er Février 1997
" [...] Le Web indépendant, ce sont ces milliers
de sites offrant quelques millions de pages faites de
passion, d'opinion, d'information, mises en place par
des utilisateurs conscients de leur rôle de citoyens.
Le Web indépendant, c'est un lien nouveau entre les individus,
une bourse du savoir gratuite, offerte, ouverte ; sans
prétention.[...]
[...] Nous invitons donc les utilisateurs à prendre conscience
de leur rôle primordial sur l'Internet : lorsqu'ils montent
leur propre site, lorsqu'ils envoient des commentaires,
critiques et encouragements aux webmestres, lorsqu'ils
s'entraident dans les forums et par courrier électronique,
ils offrent une information libre et gratuite que d'autres
voudraient vendre et contrôler. La pédagogie, l'information,
la culture et le débat d'opinion sont le seul fait des
utilisateurs, des webmestres indépendants et des initiatives
universitaires et associatives. [...]"
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uZine2 - Texte
- Archive 3
Tous
experts !
Des réseaux d'échange de savoirs techno-scientifiques
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Aris Papatheodorous,
sept 2000
" [...] Nous sommes ainsi, pour la première fois de
façon aussi claire peut-être, face à un cycle de production
et d'innovation sociale coopératif, collectif et communautaire,
qui investit une multitude de sujets en dehors de tous schémas
classiques - entreprise capitaliste ou commande publique
- de la division du travail, au-delà des seules surdéterminations
du marché, et qui repropose la primauté de la valeur d'usage,
de l'utilité sociale, non seulement du "produit" mais de
ce qu'il contient de savoir, d'innovation, de processus
et d'affect. [...]
[...] L'intelligence sociale expérimentée ces dernières
années par les différents sujets sociaux qui peuplent le
cyberspace doit désormais, d'une certaine façon, trouver
les moyens de dépasser les limites d'un cadre micro-communautaire
- sorte d'enfermement affinitaire - pour circuler et se
diffuser, pour investir des niveaux "de masse", pour conquérir
des ouvertures en direction de l'ensemble des utilisateurs
aujourd'hui prisonniers de la consommation de produits propriétaires,
non tant par "commodité", que parce que la maîtrise de la
"technique" constitue aujourd'hui un mur qui leur semble
infranchissable.
Cela signifie concrètement que les pratiques de coopération
productive, qui ont fait leurs preuves sur le strict terrain
du logiciel, peuvent et doivent êtres étendus à d'autres
secteurs cognitifs, mais surtout à d'autres sujets sociaux.
[...] "
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La
deuxième révolution Gutemberg !
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article de Yves Eudes (in
Le Monde, Jeudi 13 août 1998, voyage en utopies
3)
" 'Avant Gutemberg, un livre coûtait aussi
cher qu'une maison. L'invention de l'imprimerie a fait qu'en
quelques années les prix ont été divisés
par quatre cents. Aujourd'hui, Internet peut faire encore
mieux, à condition qu'on ne crée pas d'obstacles
artificiels.' Depuis un quart de siècle, Michael
Hart travaille sans relâche à la réalisation
d'un rêve qui lui a vallut pendant longtemps une réputation
de farfelu ou d'illuminé : il a décidé
de placer sur Internet l'ensemble du patrimoine littéraire
de l'humanité, afin de le rendre disponible immédiatement
et gratuitement, en tout point du globe, sans contrôle
ni formalités. ' Numériser un livre est
fastidieux, explique-t-il, mais ensuite il suffit
de le placer sur un serveur Internet pour qu'il soit envoyé
n'importe où dans le monde en quelques minutes, recopié
dans des milliers de foyers, et stocké sur d'autres
serveurs, d'où il sera à nouveau téléchargé.
Le processus est infini et exponentiel. La bibliothèque
planétaire en expansion pérpétuelle,
offrant à tous un libre accès au savoir universel,
est à notre portée. Je l'ai baptisée
'Projet Gutemberg'.' [...]
Il existe probablement d'autres sites, dont Michael n'a
jamais entendu parler, mais tel est précisément le but recherché
: "C'est l'aspect le plus radical et le plus novateur
du projet. Pour exploiter au mieux l'infinie puissance du
net, il faut accepter de perdre tout contrôle sur ce que
nous publions. Notre seul exigence est que les serveurs
crées à travers le monde soient comme les nôtres, ouverts
à tous."
[...] A cause des lois sur le copyright, l'essentiel de
la littérature du XX° siècle lui échappe : " J'enrage de
ne pas pouvoir offrir au monde Autant en emporte le vent,
Hemingway, Burroughs, tous les grands écrivains de ce siècle.
C'est profondément injuste. " Or la situation ne fait qu'empirer
: " Le copyright est utile, mais il ne devrait pas durer
plus de quatorze ans, comme c'était le cas aux Etats-Unis
au début du siècle. Or, tous les vingt ans, les grands éditeurs
et les multinationales du show-business font pression sur
le Congrès pour rallonger sa durée. Cette année, le sénat
a voté une loi pour le faire passer de soixante-quinze à
quatre-vingt-quinze ans...." [...]"
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Pour
une politique de contrôle des droits d'auteurs
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Bernard Lang,
30 Août 1997
" [...] L'INRIA a un centre de documentation parmi
les mieux pourvus dans ses domaines de recherche. Pourtant
ce centre est largement incomplet, et ne peut suivre le
coût croissant des publications. Chaque année des abonnements
sont supprimés, et il manque des publications majeures mais
trop chères (les normes par exemple). On peut bien sûr demander
à l'infini des augmentations de crédit, mais il y a bien
d'autres urgences. [...]
[...] A ce jour, l'essentiel du travail de publication
[scientifique] est fait par les chercheurs : écriture
des articles, organisation et gestion des comités
éditoriaux, lecture et sélection des articles
retenus. Le rôle des éditeurs est devenu dans
la plupart des cas tout à fait minime, se bornant
à l'impression et à la diffusion (et, parfois,
un peu de présentation). Dans ce contexte, reste-t-il
bien raisonnable de continuer à leur donner un contrôle
exclusif de nos publications, nous interdisant par là-même
une diffusion plus souple et moins chère par des
moyens numériques, que nous sommes capables d'assurer
nous-même, l'archivage pouvant être assuré
par les divers centres de documentation et bibliothèques
de la planète. En outre, cela réduirait le
prix élevé de l'accès à ces
informations, qui contribue à en tenir à l'écart
les communautés et pays les plus pauvres, voire les
PME. [...]
[...] Les travaux des chercheurs sont payés par l'État,
que ce soient les résultats proprement dits, ou les articles
qui les relatent. Il semble donc un peu surprenant que les
chercheurs en disposent de façon totalement libre, et encore
plus surprenant qu'ils en cèdent gratuitement les droits
exclusifs à des organisations privées qui font ensuite payer
le généreux donateur (l'État) quand il souhaite faire des
copies des mêmes informations (en fait cela dépasse le cadre
d'un pays, mais simplifions ...). [...]
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La
cathédrale et le bazar
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Eric
S. Raymond, 1998, version
1.4
" [...] Le style de développement de Linus Torvalds
- distribuez vite et souvent, déléguez tout ce que vous
pouvez déléguer, soyez ouvert jusqu'à la promiscuité - est
venu comme une surprise. À l'opposé de la construction de
cathédrales, silencieuse et pleine de vénération, la communauté
Linux paraissait plutôt ressembler à un bazar, grouillant
de rituels et d'approches différentes (très justement symbolisé
par les sites d'archives de Linux, qui acceptaient des contributions
de n'importe qui) à partir duquel un système stable et cohérent
ne pourrait apparemment émerger que par une succession de
miracles.
Le fait que ce style du bazar semblait fonctionner, et
bien fonctionner, fut un choc supplémentaire. Alors que
j'apprenais à m'y retrouver, je travaillais dur, non seulement
sur des projets particuliers, mais encore à essayer de comprendre
pourquoi le monde Linux, au lieu de se disloquer dans la
confusion la plus totale, paraissait au contraire avancer
à pas de géant, à une vitesse inimaginable pour les bâtisseurs
de cathédrales. [...] "
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Vers
un domaine public mondial de l'information
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Philippe Quéau,
UNESCO, septembre 1997
" [...] Or c'est au moment où l'explosion technologique
laisse espérer un surcroît de possibilités
pour l'élaboration et la diffusion des informations
et des connaissances que se mobilise une coalition de lobbies
déterminés à réduire encore
plus ce domaine public, à renforcer son appropriation
par le privé, et à briser l'équilibre
entre les détenteurs de droits de "propriété
intellectuelle" et les usagers. [...]
[...] Mieux encore, citons la réaction de votre fédération,
l'IFLA (Fédération Internationale des Associations de Bibliothèques)
: « Ces propositions vont obstruer plutôt qu'améliorer le
flot des informations... La tendance actuelle à la protection
des droits d'auteur pour des raisons purement économiques
semble être en conflit avec le but originel du copyright
de promouvoir le progrès des sciences et des arts. » [...]
[...] C'est pourquoi l'UNESCO a décidé de
proposer à ses Etats membres de constituer une véritable
"politique" des contenus et une stratégie
de promotion d'un domaine public fort, accessible en ligne
et hors ligne. Il s'agit de créer une sorte de "cyber-bien
commun" global, un espace virtuel d'informations publiques
hébergées sur un grand nombre de serveurs
ouvrant l'accès aux gisements d'information du domaine
public (informations produites par les organisations gouvernementales,
informations liées au patrimoine culturel mondial).
[...] "
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Genèse
et subversion du capitalisme informationnel
Linux et les logiciels libres : vers une nouvelle
utopie concrète
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Olivier
Blondeau, janvier 1999
" [...] Pour Pierre Lévy, «l'économie [entendons
l'économie classique] repose largement sur le postulat de
la rareté des biens. La rareté elle-même se fonde sur le
caractère destructeur de la consommation ainsi que sur la
nature exclusive ou privative de la cession et de l'acquisition.
Or si je vous transmets une information je ne la perds pas
et si je l'utilise je ne la détruis pas. Puisque l'information
et la connaissance sont à la source des autres formes de
richesse et qu'elles comptent parmi les biens économiques
majeurs de notre époque, nous pouvons envisager l'émergence
d'une économie de l'abondance, dont les concepts, et surtout
les pratiques, seraient en rupture profonde avec le fonctionnement
de l'économie classique. En fait, nous vivons déjà plus
ou moins sous ce régime, mais nous continuons de nous servir
des instruments désormais inadéquats de l'économie de rareté».
[...]
[...] certains indices montrent qu'il est aujourd'hui possible
de commencer à renouer les fils de la conflictualité
sociale sur le terrain même des rapports de production.
Linux et les logiciels libres portent en effet aujourd'hui
la contestation au coeur des rapports de productions capitalistes.
Ils démontrent dans une pratique concrète
que les logiques propres au mode de production du capitalisme
informationnel sont profondément inefficaces et donc
improductives. Au-delà de cette critique radicale,
la communauté des utilisateurs de Linux construit,
en marge des rapports traditionnels de domination, un espace
public de coopération qui bouleverse fondamentalement
les rapports sociaux et la subjectivité elle-même.
Elle n'est d'ailleurs pas sans rappeler la Génération
X, ces 'nouvelles élites du savoir' qui refusent,
en particulier au Etats-Unis, de s'impliquer totalement
dans le travail salarié, conçoivent l'entreprise
comme un simple prestataire qui fournit le service du salaire
et sont plus motivées par le souci de la valeur éthique
ou de l'utilité sociale que par l'éthique
du travail. "
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Sur
les chemins du virtuel
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Pierre Levy,
1995 (?)
" [...] Le problème de l'intelligence collective est
simple à énoncer mais difficile à résoudre. Des groupes
humains peuvent-ils être collectivement plus intelligents,
plus sages, plus savants, plus imaginatifs que les personnes
qui les composent ? Non pas seulement à long terme, dans
la durée de l'histoire technique, des institutions et de
la culture, mais ici et maintenant, au fil des événements
et des actes quotidiens.
Comment coordonner les intelligences pour qu'elles se multiplient
les unes par les autres au lieu de s'annuler ? Y a-t-il
moyen d'induire une valorisation réciproque, une exaltation
mutuelle des capacités mentales des individus plutôt que
de les soumettre à une norme ou de les rabaisser au plus
petit commun dénominateur ? On pourrait interpréter toute
l'histoire des formes institutionnelles, des langages et
des technologies cognitives comme des essais plus ou moins
heureux pour résoudre ces problèmes. [...] "
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Piège
dans le cyberespace
|
Roberto Di Cosmo,
1997
" [...] Résumons, la technique est simple : d'un côté,
on piège les consommateurs en kidnappant leur précieuse
information dans un format propriétaire en constante remise
en cause qui les oblige à acheter tous les six ou douze
mois une mise à jour de toutes leurs applications juste
pour pouvoir continuer à lire leurs propres données ou accéder
à des informations qui n'auraient nullement besoin d'être
présentées sous ce format propriétaire. De l'autre côté,
on piège les compétiteurs : on ne leur donne pas la documentation
et on introduit des variations arbitraires dont le seul
but est de ne pas permettre aux produits qu'ils développent
de fonctionner correctement. [...] .
[...] L'informatique et les ordinateurs nous donnent la
possibilité de révolutionner notre façon de vivre au quotidien,
mais c'est à nous de choisir si cette révolution doit aboutir
à un Moyen-Âge technologique obscur dominé par quelques
sombres seigneurs féodaux qui s'approprient l'écriture et
tout moyen de communication de l'information pour collecter
des impôts chaque fois que l'on respire, ou si l'on veut
plutôt arriver à un monde ouvert et moderne, où le flux
libre de l'information nous permettra de tirer parti des
énormes potentialités de la coopération sans barrières et
du partage des connaissances. "
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Licence
Art Libre v1.1
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Copyleft
Attitude, juillet 2000
" [...] 2.2 LA LIBERTÉ DE DIFFUSER, D'INTERPRÉTER
(OU DE REPRÉSENTATION). Vous pouvez diffuser librement les
copies de ces oeuvres, modifiées ou non, quel que soit le
support, quel que soit le lieu, à titre onéreux ou gratuit
si vous respectez toutes les conditions suivantes: - joindre
aux copies, cette licence à l'identique, ou indiquer précisément
où se trouve la licence, - indiquer au destinataire le nom
de l'auteur des originaux, - indiquer au destinataire où
il pourra avoir accès aux originaux (originels et/ou conséquents).
[...]
2.3 LA LIBERTÉ DE MODIFIER. Vous avez la liberté de modifier
les copies des originaux (originels et conséquents), qui
peuvent être partielles ou non, dans le respect des conditions
prévues à l'article 2.2 en cas de diffusion (ou représentation)
de la copie modifiée. [...] "
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Le
copyleft ou l'état des interrogations quant
à l'impact des NTIC en tant qu'élément déstabilisateur
des règles de propriété intellectuelle
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David Geraud,
12 novembre 1999
" [...] Avertissement : La récurrence de l'emploi
du terme ''droit d'auteur'' dans ces lignes, supposées en
rapport avec le Copyleft, peut faire craindre aux lecteurs
une présentation non libertaire de ce phénomène, ce en quoi
ils auront raison. Car cette notion, exprimée notamment
par les logiciels libres, est tout sauf l'anarchie mais
l'encadrement par un système de licence de la liberté des
utilisateurs comme des programmateurs: étudier l'environnent
juridique de la création contemporaine peut donc apporter
à la matière.
De plus, la seule définition stricte du terme de Copyleft
qui peut être donnée de manière objective est…. un calembour
dont Richard Stallman est à l'origine. Le Copyleft ne doit
donc pas s'entendre comme une notion précise, ce terme n'est
repris par aucun texte de loi ni décision de jurisprudence
et ne possède donc aucune valeur juridique. Le Copyleft
se définit avant tout par la signification que lui donnent
les personnes souhaitant écrire sur ce thème. Le choix fait
pour ma part de placer ce travail sous ce titre a été guidé
par un souci de profiter honteusement de ce phénomène afin
de bassement accroître la fréquentation de cette page, ce
dont je m'excuse par avance…. [...] "
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Sémantique
politique de l'informatique libre
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Frédéric Couchet,
septembre 2000 (?)
" [...] ne vanter que les mérites techniques des logiciels
libres en négligeant leur philosophie conduit à une impasse.
L'enjeu réel du logiciel libre est avant tout social et
politique. Si les logiciels libres suscitent aujourd'hui
un intérêt technique à court terme, leur avantage technique
n'est que la retombée, après quinze ans de combat, d'un
modèle qui vaut surtout par ses effets à long terme. Ne
voir que le court terme, c'est s'exposer continuellement
à retomber dans les pièges du logiciel propriétaire, c'est
ne pas apprendre. Le vrai moteur du Libre Logiciel est bien
la Liberté, terme devant être pris dans le sens civique,
politique, du terme : liberté d'expression, liberté d'association,
liberté d'entreprise, liberté d'user à sa guise de l'information
disponible et de la partager, au bénéfice de chacun, donc
de tous. [...]
[...] Le mouvement du logiciel libre, se référant à l'utilité
sociale, s'oppose à l'appropriation individuelle de la production
intellectuelle dans le logiciel.
Profitant actuellement du succès des nouvelles technologies
de l'information et de la communication, des groupes d'intérêt
se mobilisent pour renforcer les droits de la propriété
intellectuelle, au détriment de l'intérêt général qui veut
que les connaissances soient un bien public universel, et
également au détriment des droits fondamentaux que sont
la liberté d'accès à l'information et la liberté d'expression.
C'est oublier un peu vite que la motivation originelle et
officielle de la propriété intellectuelle était et est toujours
de préserver l'intérêt de l'humanité en reversant dans le
domaine public une oeuvre qui survit ainsi à son créateur.
[...]"
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Du
numérique à la théorie des mentas
|
Philippe Ulrich et Sylvain Huet,
IMAGINA 1997
" [...] Les caractéristiques des MENTAS sont étrangères
à notre monde réel : la notion familière de clonage, est
remplacée par celle d'ubiquité. Prenons par exemple une
musique codée en numérique, et intéressons nous au MENTA
qu'elle contient.
Il est possible de copier cette musique, de manière parfaite,
à des milliers d'exemplaires. Les MENTAS qui composent ces
copies ne sont pas différents du MENTA de l'original. Ils
n'en sont même pas une copie parfaite : non, il s'agit du
même MENTA, qui s'est répandu dans plusieurs endroits du
monde réel : le MENTA ne se copie pas, il se disperse, acquérant
ainsi l'ubiquité. [...] "
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Cryo-interactive
- Texte
- Archive 15
Philosophie
de la musique libre
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Ram Samudrala,
v 1.4, 17 juin 1998
" 1. Qu'est-ce que la philosophie de la musique
libre ?
• C'est un système de diffusion de la musique anarchique,
mais high tech, reposant sur l'idée que la création, la
reproduction et la distribution musicales doivent être
des activités aussi libres que le fait de respirer, de
cueillir un brin d'herbe ou de se prélasser au soleil.
2. Que signifie le terme «musique libre» ?
• La notion de «musique libre» est semblable à celle de
«logiciel libre » et, comme dans le cas du libre accès
aux logiciels, le terme «libre» se réfère à la liberté
et non au prix. [...]
[...] 18. Que faut-il faire pour libérer la
musique ?
Ajoutez la notice suivante à tous les enregistrements,
bandes, disques compacts et DAT que vous vendez ou donnez
:
"L'autorisation de reproduire, modifier et diffuser les
compositions musicales et les enregistrements sonores
figurant sur ce disque, à condition que la présente
notice soit incluse dans tous les exemplaires réalisés,
est accordée pour toute utilisation non commerciale.
Si vous vous êtes procuré cet exemplaire
par voie de reproduction, si vous trouvez que cette musique
a de la valeur et si vous souhaitez la soutenir, envoyez
un don, d'un montant correspondant à la valeur
que vous attribuez à cette musique, à l'adresse
figurant sur la présente notice." [...] La demande
de dons est facultative. La restriction aux utilisations
non commerciales est également facultative.[...]
[...] À plus long terme, la mainmise des grandes firmes
sur la musique que les gens écoutent sera brisée.
La musique est devenue une industrie institutionnalisée
qui débite des produits musicaux. L'industrie musicale
restreint le droit de reproduction et les autres usages
de la musique de façon à augmenter le profit,
mais le prix à payer est la limitation de la créativité.
Cette situation va changer. Il est désormais possible
pour les musiciens de diffuser leur message musical directement
auprès de leur public grâce à la technologie
de pointe, enrichissant à la fois l'artiste et
le monde de la musique de toutes les façons possibles.
La musique est un processus créatif et un monde
d'idées et de passions ; ce n'est pas un produit.
[...] "
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Freescape
- Texte
- Archive 16
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