[Mercredi 17 janvier - 09h14]

35e MIDEM: TROIS QUESTIONS A Pascal Nègre (président des producteurs)

PARIS, 17 jan (AFP) -Agé de 39 ans, président de la SCPP (Société Civile des Producteurs Phonographiques) et PDG de Universal Music France (Johnny Hallyday, U2...), à la veille du 35e MIDEM, Pascal Nègre évoque les préoccupations des industriels du disque.

Q: Que pensez vous de la décision de taxer les supports numériques ?

R: "Il était anormal qu'une telle mesure n'existe pas, elle complète simplement le dispositif de la Loi Lang de 1985 sur les droits voisins qui a été votée à une époque où ces supports n'étaient pas encore nés ou peu diffusés. Il y a une véritable campagne d'intoxication de la part de ceux, fabricants notamment, qui prétendent qu'une telle redevance constituerait une menace pour la révolution numérique. Cette taxe existe déjà en Allemagne et, que je sache, la vente des supports vierges numériques et des ordinateurs ne s'est pas effondrée pour autant dans ce pays. Cessons de raconter n'importe quoi".

Q : N'est-il pas exagéré, comme vous le faites, de qualifier la copie privée d'acte de piratage ?

R : "Sur ce sujet encore, il convient de cesser de raconter n'importe quoi: A partir du moment où la copie est autorisée -et j'estime qu'en la matière c'est une fleur faite au consommateur- l'utilisateur peut reproduire le disque de son choix à l'infini, sans perte de qualité sonore du support initial. L'usager peut ainsi copier son disque pour sa chaîne stéréo, pour le lecteur compact de sa voiture, pour son baladeur, pour des amis etc. Personne ne me fera croire que ce processus ne porte pas préjudice à l'ensemble de la filière musicale, producteurs bien sûr, mais aussi auteurs, compositeurs, artistes interprètes. Il s'agit de piraterie avec un petit P même si celle-ci n'a pas de commune mesure avec la piraterie industrielle qui est un fléau plus grand encore.".

Q : Pourquoi demandez-vous l'extension de la durée de protection des droits des producteurs et des artistes interprètes ?

R : "Il n'y pas de raison que cette protection soit de 90 ans aux Etats-Unis et de 50 ans chez nous, suivant la première publication d'un disque. Nous demandons au moins l'alignement sur la durée de protection des droits des auteurs-compositeurs en France, soit 70 ans après le décès des créateurs. C'est toute la problématique du patrimoine qui est en jeu, à partir du moment où l'oeuvre d'un artiste tombe dans le domaine public, elle meurt une deuxième fois, c'est ce qui explique la quasi-disparition du répertoire de la chanson d'avant-guerre, c'est ce qui est arrivé à Maurice Chevalier, c'est ce qui risque d'arriver demain à des artistes comme Trénet, Brassens, Presley ou les Beatles".

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