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"LIBRE"

Le "Libre" est un mouvement qui s'est formé en réaction et opposition au développement de la nouvelle économie (numérique, informatique et réseaux) et à sa dominante marchande ultra-libérale.
Liberté de création, liberté d'échanges, liberté de consommation, prônant une démarche citoyenne et collective, les artisans du "libre" proposent de nouvelles perspectives, notions, pratiques, usages et postures qui remettent en cause les modèles établis.
En 1985, Richard Stallman, chercheur au MIT, lance la Free Software Foundation pour créer et diffuser des logiciels libres, c'est à dire des logiciels diffusés avec leur code source que chaque individu peut copier, modifier, parfaire, adapter suivant ses besoins et redistribuer à sa convenance.
C'est ainsi que le système d'exploitation Linux, créé par Linus Torvalds et richard Stallman, rejoints par des milliers d'anonymes est devenu une menace pour Microsoft et la suprématie mondiale du système Windows.
Après les logiciels, ce sont aujourd'hui toutes les créations musicales et audiovisuelles qui sont au centre du débat. La capacité du grand public à pouvoir les cloner, copier, dupliquer, les échanger et les faire circuler librement sans observation et respect de la propriété intellectuelle, pose aux auteurs, créateurs et artistes des questions fondamentales dont les réponses nécessitent de leur part une véritable prise de conscience et positionnement.
Les penseurs et activistes du "Libre" ont une vision très particulière de cette problématique marquée par une opposition manifeste à l'égard des sociétés d'auteurs comme en témoigne ce texte extrait du livre " Libres enfants du savoir numérique, Anthologie du "Libre", préparée par Olivier Blondeau et Florent Latrive, Edition de l'Eclat - texte intégral disponible sur
www.freescape.eu.org/libres-enfants/

[Face à l'instinct du Libre, à l'échange et à la diffusion des savoirs, les barbares du Bazar buttent sur les lois sur la propriété intellectuelle, les droits d'auteur, les copyright, les brevets, les licences, autant de balises censées protéger les créateurs, pour favoriser l'existence même de cette création. Lorsque les artisans du Libre évoquent l'échange, la connaissance et le partage, les gardiens de la création entendent piratage, copie et plagiat. Lorsque les libres enfants du savoir parlent de contribuer au savoir collectif, une coalition mêlant les plus avides businessmen et nombre d'idéalistes convaincus de la justesse de leur combat leur rétorquent :" Vous allez étouffer la création."
Avec l'Internet et l'informatique, le "Libre" se hasarde sur la frontière entre protection légitime des auteurs et créateurs, d'une part, et droits du public à l'information d'autre part. Il bouscule et interroge ce fragile équilibre, sédimentation de lois et de règle établies au fil des années. Que la balance penche en faveur des créateurs - ou plutôt de leurs intermédiaires, éditeurs, producteurs, sociétés de gestion collective, tous ceux qui font commerce de l'œuvre des autres -, et c'est la diffusion du savoir lui-même qui se trouve entravée. Qu'elle privilégie l'intérêt général, et c'est le système qui vacille, la subtile et fragile organisation économique de la création qui bascule dans l'inconnu.]

Dans le prolongement de cette pensée, le "Libre" s'est doté de son propre système de licences qui s'appuient sur les lois de la propriété intellectuelle et les détournent. (GPL, general public licence pour les logiciels, Licence Art Libre pour les oeuvres artistiques et Copyleft, en opposition au Copyright).

Les partisans du "Libre" ont l'énergie et la motivation de ceux qui luttent et sont en résistance. Le caractère anarchique du mouvement est dynamisé sur le réseau. La mise en œuvre de certaines de ces idées s'accorde avec les nouveaux systèmes de distribution "peer to peer" (de particulier à particulier) tel que Napster, et plus récemment sur des systèmes "next door" encore plus directs ne nécessitant plus de lien avec un serveur collectif pour échanger des fichiers d'une machine de particulier à l'autre.
Aussi voit-on émerger de nouveaux circuits de distribution qui favorisent aujourd'hui le tout gratuit, mais qui déjà laissent imaginer de nouveaux modèles économiques où chaque individu pourvu d'un ordinateur et d'une connexion devient un distributeur potentiel en capacité de monnayer et de se rémunérer sur des échanges de fichiers.

Les auteurs et créateurs, les sociétés d'auteurs doivent se positionner au cœur même de ces nouveaux dispositifs qui font évoluer de manière irréversible les pratiques et usages de création, de production et de consommation de biens culturels.
La communauté d'auteurs que représente la SACD ne peut rester insensible à l'émergence du mouvement du "Libre" et à ses diverses conséquences dans la révolution numérique en cours. Chaque auteur est concerné et en devoir de s'informer, de s'éduquer, de comprendre et de réagir pour participer au débat. Car il s'agit de débattre, au-delà de la forme agressive et de la vision manichéiste que portent les partisans du "Libre" dans leur opposition aux sociétés d'auteurs, mais sur le fond et sur le positionnement des auteurs face à ce qui est un véritable enjeu de société.

Pour lancer ce débat, nous vous proposons dans un premier temps d'entrer dans la logique du "libre". L'extrait du texte de Florent Latrive que vous venez de lire est à votre disposition. Vous pouvez l'annoter, le modifier, relier des mots ou des phrases à vos propres idées et opinions, bref réagir et vous exprimer sur ce sujet à partir de ce texte qui servira de matrice à vos réactions.
Nous reclasserons toutes vos interventions en différentes thématiques (pour, contre, propositions, témoignages, questions, etc…) sur le site Internet de la SACD.

Dans un deuxième temps nous vous proposons de venir assister aux soirées Nouveaux Médias de la SACD. En septembre débutera notre 4ème saison de programmation d'un cycle mensuel de rencontres dédiées à la création numérique et interactive. Dans le cadre de ces soirées nous organiserons des tables rondes où nous inviterons les protagonistes du "libre" à venir dialoguer et échanger avec les auteurs et le public.


Daniel Kapelian / Chargé de Mission pour les Nouveaux Médias
daniel.kapelian@sacd.fr