Cette page est une copie pour archive de http://www.paris.msf.org/msf/content/News.nsf/d268e7e7eea08ab74125675b00364294/48b47f94ecadd49dc125690d003010de?OpenDocument


> La loi du marché : des médicaments trop chers

[médecins sans frontières, campagne pour l'accès aux médicaments essentiel, avril 2001]

95% des personnes atteintes du Sida n'ont pas accès aux traitements antirétroviraux, principalement parce que ceux-ci sont trop chers. Dans les pays en développement, où vivent 90% des malades, le coût moyen des antirétroviraux -qui permettent aux patients de rester en vie- est trente fois supérieur au revenu moyen.

De très nombreux autres patients, souffrant de maladies curables, n'ont pas les moyens financiers de se soigner. Les médicaments pour traiter une méningite ou une infection des voies respiratoires sont le plus souvent inabordables. Les prix sont particulièrement élevés pour les médicaments protégés par un brevet. La société propriétaire de ce brevet détient les droits exclusifs de production de " son " médicament durant une période qui peut aller jusqu'à 20 ans. Sur le marché, le producteur est donc en situation de monopole et peut fixer le prix de son produit comme bon lui semble. Lorsqu'un brevet vient à expiration, d'autres entreprises pharmaceutiques peuvent fabriquer la molécule sous forme générique. La concurrence entre les producteurs de génériques est telle qu'elle provoque rapidement une baisse des prix (voir encadré).

Aujourd'hui, la vie de nombreuses personnes malades est suspendue au prix d'un médicament. Dans l'économie mondiale, celui-ci est considéré comme un produit commercial au même titre que les autres et se retrouve soumis aux lois de l'offre et de la demande. Dans ces conditions, le marché pharmaceutique est guidé par les intérêts financiers de l'industrie et non par ceux, vitaux, des malades.




    Des prix injustifiés

    - Les personnes atteintes du Sida et souffrant d'une méningite fongique (fatale) peuvent être traitées avec du fluconazole. Ce médicament doit être pris quotidiennement toute la vie. Dans la plupart des pays, ce médicament est sous brevet. Et donc très cher.

    - Au Kenya, le fluconazole coûte 20 $US par jour. En Thaïlande, ce même médicament ne coûte que 0,60 $US par jour car il n'est pas protégé par un brevet et qu'il est produit sous forme générique.

    - Dans certains pays, des antirétroviraux sont produits sous forme générique et commercialisés à des prix bien inférieurs aux médicaments sous brevet. Au Brésil, la concurrence entre les producteurs de médicaments génériques a réduit le prix des antirétroviraux de plus de 80% en cinq ans. Le Brésil a ainsi pu mettre ces médicaments à la disposition de 90 000 malades. Des antirétroviraux génériques sont également produits en Thaïlande à prix réduits.

    - Le prix très élevé des médicaments contre le Sida est injustifié car les instituts de recherche publics ont grandement financé leur développement. Ainsi, un médicament d'une importance majeure comme le ddI a été découvert par un institut de recherche public. Mais il a été ensuite breveté et commercialisé par Bristol Myers Squibb. En Thaïlande, le prix du ddI (136 dollars par mois) est plus élevé que le salaire mensuel moyen d'un employé (120 dollars). Des experts légaux en Thaïlande se sont penchés sur le problème de ce brevet pour tenter de le " contourner ".