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Le manifeste « Abolissons la P.I. / Abolish IP! »
La propriété intellectuelle est à l'avant-garde de l'extension du pouvoir corporatif dans le capitalisme contemporain. À tel point qu'elle occupe une place prépondérante dans le processus de « mondialisation » à côté des soi-disant « droits » des investisseurs. Ces « droits » et « mesures protectrices de la propriété » sont au coeur des négociations internationales qui ont présentement lieu (OMC, ZLÉA, etc.).
Si les raisons justifiant leurs « droits » du point de vue des investisseurs crèvent les yeux, celles concernant le renforcement de la protection de la propriété intellectuelle sont aussi faciles à comprendre, quoique plus subtiles : les « produits » régis par le régime de la propriété intellectuelle ont l'avantage d'avoir un coup de production tendant vers zéro, ce qui permet l'accumulation rapide du capital. Ce n'est pas un hasard si plusieurs des méga-fusions récentes combinaient des industries s'appuyant fortement sur la propriété intellectuelle : AOL/Time Warner, Vivendi/Universal, etc. Bill Gates et sa clique, dont on parle tant depuis deux ans, ont eux-mêmes bâti l'intégralité de leur empire sur cette logique fallacieuse. Et il en est de même pour tous les éditeurs de logiciels informatiques propriétaires, en général moins connus que Microsoft.
Les États-Unis ont récemment adopté des réformes augmentant la protection de la propriété intellectuelle : DMCA (Digital Millenium Copyright Act), UCITA (Uniform Computer Information Transactions Act), etc. Parmi les changements engendrés par ces réformes, on augmente la répression contre ceux qui ne « respectent » pas la propriété intellectuelle. Le Canada est présentement en consultation pour réformer le Copyright Act dans le but de l'harmoniser avec le DMCA américain et les traités internationaux signés par le Canada sur la propriété intellectuelle (WIPO). Aux États-Unis, ces réformes ont déjà fait plusieurs victimes :
1) Dmitry Sklyarov, un programmeur russe, fut arrêté et incarcéré lors d'une visite récente aux États-Unis parce qu'il avait participé à la programmation d'un logiciel qui permettait de transformer les e-books d'Adobe dans un format compatible avec un logiciel permettant aux aveugles d'en entendre le contenu. En faisant cela, il violait certaines clauses du DMCA, qui interdisent de contourner les mécanismes de protection de la propriété intellectuelle.
2) La MPAA (les majors hollywoodiens) poursuit présentement plusieurs individus qui avaient sur leur site Web un lien vers le code DeCSS, lequel permettait de lire des DVDs sur les systèmes dépourvus de lecteur (Linux, FreeBSD, OpenBSD, etc.).
3) Le Dr. Felten de l'université de Princeton est présentement en cour contre la RIAA (Recording Industry Association of America), laquelle l'a menacé de poursuites s'il publiait une recherche décrivant certaines failles dans le système SDMI (Secure Digital Music Initiative) censé empêcher l'usage et les copies non autorisées de pièces musicales. Rappelons que la RIAA avait organisé un concours pour s'assurer que son système était inviolable !
Il est de notre devoir de lutter contre l'implantation de ces lois au Québec et au Canada. Seule une mobilisation populaire forte peut empêcher que les « dirigeants » canadiens fassent comme les autres « dirigeants » qui écoutent les « dirigeants » des entreprises capitalistes dont les profits n'augmentent que par l'interdiction de partager, c'est-à-dire sous le couvert de la « protection de la propriété intellectuelle ». C'est pourquoi le groupe « Abolissons la propriété intellectuelle / Abolish IP! » se propose de lutter contre cette réforme en favorisant la mobilisation populaire en vue de l'abolition de la propriété intellectuelle. Puisqu'elle s'attaque à l'avant-garde du capitalisme, cette lutte ne peut être qu'anti-capitaliste et anti-autoritaire.
Un autre monde est possible, car la créativité, l'intelligence et l'expressivité humaine n'ont pas besoin de la fiction de la propriété intellectuelle pour se développer. GNU/Linux et le mouvement du logiciel libre, le mouvement Art Libre ainsi que la Free Music Philosophy sont exemplaires de la supériorité de la possession collective des fruits de l'expressivité humaine. Tous ces mouvements, bien que respectant la lettre de la propriété intellectuelle (le droit d'auteur), en nient cependant le principe fondamental (l'appropriation exclusive des idées et de leur support de médiatisation par les éditeurs et les auteurs).
Si vous êtes intéressés par cette lutte, vous pouvez visitez le site Web du groupe à l'adresse suivante :
http://www.contre.com/abolish-ip/.Une liste de discussion a été mise sur pied, vous pouvez vous y abonnez en envoyant un message à
abolish-ip-subscribe@contre.comLe groupe « Abolissons la PI / Abolish IP! »
abolish-ip-info@contre.com
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