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Communication à paraître dans les actes du
Colloque Inforoutes et Technologies de l'Information,
Forum Initiatives 97,
Hanoi, 25-26 octobre 1997.
Résumé : Le rôle croissant des ressources immatérielles et des réseaux, par la quasi élimination des coûts marginaux de production et de distribution, modifie qualitativement nombre de règles du jeu économique. Il en résulte en particulier des phénomènes de concentration industrielle et une remise en cause de l'indépendance technologique des industries en aval, de l'enseignement et de la recherche. Cependant ces mêmes causes produisent un effet opposé, qui se manifeste par l'émergence des ressources dites "libres", de nature culturelle, scientifique ou technologique. Ces ressources proviennent de la coordination des contributions bénévoles de milliers d'universitaires et de professionnels, rendue possible par la coopération internationale, l'information et la diffusion au moyen des média numériques (réseaux et Cédéroms). Diverses études montrent que, souvent, ces ressources égalent ou dépassent en qualité les offres commerciales, tout en offrant les mêmes garanties d'usage (maintenance, portabilité, pérennité). Il apparaît de plus qu'elles occupent déjà des segments très significatifs de certains marchés des technologies de l'information (logiciels pour les réseaux, systèmes d'exploitation, outils logiciels) dans l'enseignement et la recherche, mais aussi dans les activités concurrentielles des économies les plus avancées. Notre propos est d'examiner l'impact du développement et de l'exploitation de ces ressources sur les économies, émergentes ou avancées, notamment en ce qui concerne l'indépendance technologique, l'emploi, le commerce extérieur et l'accès à des ressources compétitives pour l'industrie, l'enseignement et la recherche, ainsi que sur l'identité culturelle des pays concernés et leur participation au progrès technologique de la planète.
Une caractéristique importante des biens immatériels est le rapport élevé entre les coûts fixes d'investissement (plus humains que matériels) pour créer le premier exemplaire d'un bien, et le coût marginal de production. Avec l'avènement des support informatiques bon marchés et largement diffusés dans la population, et d'autre part le développement de l'Internet et des CD-ROM, le phénomène s'est exacerbé par la possibilité de communications massives, et de communications ultra-rapides et même interactives, permettant une grande varié de protocoles (point-à-point, diffusion, forums, ...). La conséquence en est que, pour beaucoup de biens immatériels, on ne peut même plus parler de coût de revient car le coût marginal de production et de distribution peut pratiquement être considéré comme nul (si l'on fait abstraction du service après-vente et autres lignes d'urgence, qui peuvent être, et sont parfois, indépendants de la production et de la distribution).
Cette situation conduit dans bien des cas à des phénomènes de concentration monopolistique, qui entravent le bon fonctionnement des mécanismes du développement économique et technologique, et conduisent à une gestion purement financière des ressources scientifiques, technologiques ou culturelles, avec nombre d'effets néfastes.
Cependant, les mêmes causes produisant des effets opposés, on voit apparaître dans le même temps une production de biens immatériels nouveaux, dits libres, produits grâce à la coopération bénévole de milliers de volontaires, fournissant gratuitement le capital humain nécessaire, c'est-à-dire leur propre travail, et coordonnés efficacement à travers l'Internet. Un nouveau mode de production économique émerge, complètement étranger aux schémas économiques traditionnels, et qui concurrence de puissantes industries. Ces nouveaux modes de production peuvent-ils être plus efficaces, plus bénéfiques au développement libre de nos sociétés ? C'est ce que nous tentons de montrer.
Dès lors qu'une plate-forme domine le marché, tout créateur commercial de produits liés aux plates-formes s'adaptera préférentiellement à la plate-forme dominante, pour des raisons évidentes de rentabilité. C'est ainsi le cas des fournisseurs de composants pour PC qui fournissent toujours les pilotes pour les plates-formes logicielles Microsoft et plus rarement pour les autres. C'est encore beaucoup plus vrai pour les éditeurs de logiciels d'application qui, lorsque leur marché est encore concurrentiel, n'ont souvent pas les moyens (ou parfois même l'intérêt économique, comme dans le cas des jeux) de développer pour autre chose que la plate-forme la plus répandue du marché, renforçant par là-même sa dominance puisque les autres plates-formes, possédant alors moins d'applications, ont moins d'attrait.
Ce phénomène est de plus renforcé par la protection légale ou technique des interfaces -- interfaces fonctionnelles ou représentation des données -- qui rend difficile, faute d'information suffisante, le développement par des tiers de logiciels équivalents, compatibles, sur les plates-formes ainsi négligées. Il est par exemple très difficile d'exploiter sur une plate-forme Unix une encyclopédie prévue pour Windows, alors que cela ne pose en principe aucun problème technique.
Du point de vue de l'utilisabilité industrielle, les inconvénients sont nombreux. L'unicité du fournisseur monopolistique crée une situation de dépendance pour les prix et les services. Il en va de même pour la stratégie à long terme de l'entreprise qui peut dépendre des décisions de son unique fournisseur. Techniquement, la non disponibilité des codes sources (ou leur prix excessif) limite sévèrement ou interdit aux sociétés clientes toute utilisation et tout service personnalisé, que cela concerne la maintenance, la sécurisation, le portage sur de nouvelles plates-formes ou l'adaptation à des besoins spécifiques. En fait, la société cliente contrôle mal la qualité et la pérennité de son investissement, voire de ses structures informationnelles [4].
Du point de vue d'une nation, le problème est le même, avec quelques inconvénients supplémentaires concernant :
Notre mise en cause des logiciels commerciaux n'est pas une remise en question des mécanismes économiques ou de la libre concurrence. Tous les problèmes proviennent principalement de deux sources:
Notant que disposer des codes sources permet aussi de connaître les interfaces, nous ne considérerons que ce deuxième aspect des choses. En pratique, fort peu de sociétés éditrices donnent accès au code source de leurs produits logiciels. Même quand c'est le cas, en général à un prix élevé, cela n'apporte qu'une aide minime à l'utilisateur et ne saurait lui garantir une réelle indépendance. Une première raison est l'absence d'une communauté locale de spécialistes, de taille suffisante, capables de tirer efficacement profit de la disponibilité des sources. Or une telle communauté ne peut se développer que par une disponibilité générale de l'information et des logiciels sources. Une deuxième raison, plus importante, est que les travaux à façon réalisés par le client sont généralement à reprendre à chaque nouvelle version du code, la coopération entre fournisseur et client restant exceptionnelle.
Tout d'abord il importe d'analyser les différents statuts juridiques des logiciels, qui sont d'ailleurs également applicables aux autres ressources immatérielles. Les logiciels sont régis par la législation des droits d'auteurs. Compte tenu du développement récent de l'informatique, et plus simplement du vieillissement rapide des logiciels utiles, les seuls logiciels du domaine public sont ceux qui y ont été explicitement placés par leurs auteurs. C'est en fait assez rare. Les logiciels commerciaux traditionnels sont placés sous le contrôle de licences d'utilisation variées dont l'objectif est d'en limiter la reproduction et les conditions d'utilisation. Les partagiciels ("sharewares") forment une exception intéressante en autorisant librement la reproduction, ce qui favorise la dissémination à très faible coût, mais en exigeant le paiement d'une licence d'utilisation au delà d'une période d'essai. Il est à noter que, légalement, l'utilisation d'un partagiciel sans paiement de la licence est souvent considéré comme assimilable à une violation du droit d'auteur (ou piratage en jargon informatique).
Mais le système des droits d'auteurs a été "détourné", inversé, pour le développement des logiciels libres. Ces logiciels sont munis d'une licence qui, au lieu de limiter la diffusion ou l'usage du logiciel, protège au contraire ces droits au bénéfice de l'ensemble du public (les restreignant parfois uniquement pour certains types d'utilisations commerciales) [6]. Notons tout d'abord que bien que ce type de licence puisse s'appliquer à des logiciels exécutables diffusés sans leur code source, on ne parle de logiciel libre que lorsque le code source est diffusé conjointement avec le code exécutable, et qu'il est permis de le modifier et de le rediffuser. Il existe plusieurs types de licences libres. Une typologie complète dépasserait le cadre de cet article et nous nous limitons ici aux deux familles les plus connues.
La licence de type Berkeley [1] autorise les utilisateurs à utiliser et rediffuser le logiciel et à modifier librement le code source, pour l'adapter, le corriger, y introduire de nouvelles fonctionnalités, ou en extraire des parties pour faire d'autres logiciels. Elle n'impose que de conserver avec le code une mention indiquant l'auteur original. Un inconvénient de cette très grande liberté, presque équivalente à celle du domaine public est que ces logiciels sont parfois détournés en version propriétaire commerciale, abusant de la popularité de la version libre et du travail des auteurs originaux, qui sont eux-mêmes privés des améliorations apportées à leur oeuvre [3].
Pour éviter cette situation, le projet GNU de la Free Software Foundation [FSF] a développé la General Public Licence [2] qui impose en outre que la licence s'applique également à toutes les oeuvres (logicielles) dérivées, et donc préserve également la liberté de ces oeuvres dérivées. Divers aménagements (la GPL pour bibliothèques logicielles ou LGPL) permettent néanmoins l'utilisation de composants libres pour la création d'oeuvres originales dans le secteur commercial.
Un programmeur exceptionnel, Richard Stallman, fut sans doute le premier a avoir consciemment cette ambition [8], à la réaliser d'abord au travers de l'éditeur EMACS, puis à la théoriser et à la généraliser au travers du projet GNU [9] et de la Free Software Foundation (FSF), Fondation pour les Logiciels Libres [12], prouvant ainsi le réalisme de sa vision. L'éditeur programmable EMACS, réalisé au MIT dans les années 70, fut et reste sans doute le meilleur éditeur de texte jamais réalisé, imité sans réel succès par des éditeurs commerciaux (dont l'un des auteurs du langage Java). Le projet GNU, beaucoup plus ambitieux, est la réalisation d'un système d'exploitation de type Unix, complet et complètement libre. Ce projet est maintenant réalisé (même si ce n'est pas exactement dans les conditions prévues par son instigateur), notamment par la combinaison du noyau de système Linux, dont le développement a été dirigé depuis 1990 par Linus Torvalds [10], de l'environnement GNU produit par la FSF et toute une communauté de contributeurs, et du noyau d'interface utilisateur XFree86 [11]. En fait, si Linux est le noyau de système d'exploitation libre le plus connu et le plus populaire, d'autres noyaux libres pour Unix sont disponibles dont FreeBSD issu du système Unix de Berkeley, et plus récemment Hurd qui est un noyau temps réel construit par le projet GNU au dessus du micro-noyau Mach 4.0. En pratique, cette diversité ne présente guère de problèmes du point de vue du portage des applications dans la mesure où les variantes restent essentiellement identiques dans leur fonctionnalité, et où l'interface utilisateur XFree86 est commun.
Mais, à coté de ces réalisations majeures, il existe de très nombreux logiciels libres de toutes tailles, et pour toutes les plates-formes, bien que les plates-formes de type Unix, incluant Linux et FreeBSD, semblent prépondérantes. Nombre de logiciels libres à succès (Emacs, TeX, GCC, PERL par exemple), développés initialement dans un environnement Unix, ont été ultérieurement portés sur les plates-formes Macintosh et Windows, ainsi que nombre de petits utilitaires classiques de l'environnement Unix. La variété de ces logiciels est immense, traitement de texte ou d'images, télécommunications, courrier, logiciels scientifiques, compilateurs, ... Une étude exhaustive sort bien entendu du cadre de notre propos, mais de nombreuses collections organisées sont disponibles dans les archives publiques de l'Internet, ainsi que dans des collections de CDROM à (très) bas prix, mais au contenu excellent [13].
Comme pour les logiciels commerciaux, le succès d'un logiciel libre est parfois une question de circonstances, de chance et d'impondérables, au delà de la qualité technique et du marketing. Il est cependant important d'identifier les critères qui ont fait, et continuent à faire le succès de certains logiciels libres, de préférence à d'autres. C'est une information utile :
Contrairement à une idée reçue, mais fausse, la maintenance des logiciels libres est généralement mieux assurée que celle des logiciels commerciaux. La plupart, et surtout les plus importants d'entre eux ont effectivement une structure de maintenance organisée, qui peut d'ailleurs évoluer au cours du temps. Grâce au réseau, et à la multiplicité des intervenants, la réactivité aux problèmes qui surviennent est extrêmement grande. On cite souvent l'exemple d'un bogue des logiciels de connection à l'Internet, affectant l'ensemble des systèmes d'exploitation et qui permettait des attaques électroniques contre les serveurs. Après identification du problème, le système libre Linux fut le premier à être corrigé, bien avant l'ensemble des systèmes commerciaux [17].
En outre, l'utilisateur exigeant a toujours l'ultime ressource de recourir à une maintenance personnalisée, adaptée précisément à son besoin, et payante, comme tout service, grâce à la disponibilité des codes sources. En fait, le développement de l'usage des logiciels libres remplace une activité commerciale centralisée (monopolistique) d'édition, dont la protection étouffe à terme le développement économique et technologique et qui est fort peu créatrice d'emplois, par une activité commerciale de services, plus créatrice d'emplois décentralisés et plus concurrentielle.
La pérennité sur le long terme peut au moins être assurée, comme précédemment, par l'intéressé ou par un prestataire de son choix, grâce à la disponibilité des sources. On peut cependant penser qu'une large communauté d'utilisateurs tendra à pérenniser les produits, car elle contiendra toujours quelques éléments capable d'assurer le suivi technique, comme le montre la pérennisation par leur communauté de systèmes anciens, comme CP/M, qui ont perdu tout intérêt économique [18] (CP/M n'était pas un logiciel libre, mais il était assez simple pour que l'on puisse l'analyser et en faire des simulateurs). Cette pérennité, fondée sur l'inertie d'une masse d'utilisateurs, est à l'expérience plus grande que celle assurée par une société commerciale, même importante, qui peut être amenée à abandonner des produits pour des raisons de stratégie industrielle, et à ne plus leur assurer qu'une maintenance dégradée.
En ce qui concerne les qualités plus immédiates d'utilisabilité, telles que fonctionnalité, performance, fiabilité, seule l'expérience et l'analyse peuvent parler. Et toutes les expériences, les tests, les évaluations et les comparaisons publiés montrent que les ténors du logiciel libre (il y a bien sûr aussi du déchet, comme toujours) font au moins jeu égal avec leurs concurrents commerciaux et souvent les dépassent nettement. Sans nous étendre sur cet aspect technique, nous conseillons au lecteur d'examiner quelques unes des études publiées à ce sujet [5] portant notamment sur les variantes d'Unix et sur la comparaison Unix-Windows NT, ainsi qu'une analyse de mode de production qui permet ces résultats [19].
Enfin, pour ce qui est de la conformance aux standards, la situation est encore plus claire. Les logiciels libres sont fondés sur la coopération volontaire, aussi le respect des standards est-il un mode de travail naturel. En fait, certaines organisations fondées sur le modèle libre, comme l'Internet Society, sont même créatrices de standards (appelés RFC) maintenant universellement utilisés. À l'inverse, le développement économique du logiciel commercial se fonde très largement sur des guerres de standards (comme pour le langage Java [20], jusque devant les tribunaux), qui se traduisent pas une rétention d'information et une instabilité permanente et inutile des produits, dont Microsoft Word est le plus bel exemple. On peut d'ailleurs craindre que le changement constant des formats de représentation, qui de plus ne sont pas documentés publiquement, n'entraîne à terme la perte d'une partie du patrimoine documentaire numérisé.
Le logiciel libre Apache domine largement le marché des serveurs de la toile à environ 44% des installation contre 29% pour Microsoft et Netscape ensemble [22]. Les installations de Linux sont évaluées à 5 millions [23], une taille plus petite mais dans le même ordre de grandeur que le marché d'Apple, avec une composante industrielle croissante qui déplace de leur marché les Unix commerciaux. L'absence de prise en compte des logiciels libres, difficile à comptabiliser en raison de leur gratuité, dans les statistiques économiques, donne une image déformée de l'importance du système Unix dans le marché des logiciels [27]. Linux est souvent préféré aux solutions commerciales pour des applications très pointues, notamment dans la recherche, et jusque dans la navette spatiale [24].
De nombreuses sociétés développent des logiciels applicatifs commerciaux destinés à des environnements libres (Caldera, Applix, Star Office, Metro-X, ...), qui complètent ou concurrencent les composants libres existants. Mais le plus important est que les logiciels libres sont un ferment pour le développement de petites PME innovantes auquel ils fournissent des ressources leur permettant de rester indépendantes (libres) et de préserver leur marges. Il est ainsi assez fréquent que des logiciels libres soient intégrés à des offres commerciales [25], mais cela se passe aussi souvent de façon cachée, discrète, sous forme de logiciels embarqués comme le montrent les discussions du forum "Free Software for Business" [26], par des PME ou même de grosses sociétés multi-nationales.
Pour des entreprises, des communautés ou des pays dont les ressources financières sont limitées, mais qui disposent d'une main d'oeuvre bien formée ou pouvant l'être, les logiciels libres sont une alternative de qualité qui préserve leur indépendance.
Même dans cette étude consacrée aux logiciels, nous sommes naturellement amenés à évoquer l'utilité, la nécessité d'autres ressources libres, les standards, qui trop souvent sont secrets, ou protégés par des copyrights, comme à l'ISO, ce qui est un comble d'absurdité. Le champ ouvert au développement des ressources libres est en fait très vaste et déjà mis en valeur, comme en témoignent, par exemple, les projets de bibliothèques virtuelles libres [28, 29].
Un des phénomènes de l'Internet est qu'il sait amplifier démesurément et coordonner les actions microscopiques. L'ensemble des actions bénévoles individuelles, réparties sur la planète, permet petit à petit d'accumuler, dans la liberté, un capital commun à tous, qui loin de se limiter à la technologie, s'élargit peu à peu à des ressources culturelles, littéraires, scientifiques ou artistiques. La culture peut être ainsi préservée et diffusée par ceux qui en sont porteurs, qui la vivent, au lieu d'être pasteurisée et mise en boîtes prêtes à la consommation.
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