La grande explosion du web

La croissance initiale de Linux s'est produite en même temps qu'un autre phénomène : la découverte de l'Internet par le grand public. Le début des années 1990 a aussi vu le début d'une florissante industrie de fourniture d'accès à l'Internet, qui vendait au particulier la possibilité de se connecter pour quelques dollars par mois. Suite à l'invention du World Wide Web, la croissance de l'Internet, déjà rapide, a atteint une allure folle.

En 1994, l'année ou le groupe de développement de l'Unix de Berkeley s'est officiellement dissous, c'est sur diverses versions libres d'Unix (GNU/Linux et les descendants de 386BSD) que la plupart des hackers focalisaient leurs activités. Le système GNU/Linux, distribué commercialement sur des CD-ROM, se vendait comme des petits pains. À la fin de l'année 1995, les sociétés d'informatique les plus importantes vantaient les mérites de leurs logiciels et matériels en matière d'Internet !

À la fin des années 1990, les hackers se sont concentrés sur le développement de Linux et la popularisation de l'Internet. Le World Wide Web a au moins eu pour effet de transformer l'Internet en medium de masse, et de nombreux hackers des années 1980 et du début des années 1990 fondèrent des sociétés de prestations de services liés à l'Internet en vendant ou en offrant aux masses un accès à l'Internet.

Le passage de l'Internet au premier plan a même apporté aux hackers un peu de respectabilité et un petit rôle politique. En 1994 et 1995, l'activisme hacker a saboté la proposition Clipper, qui aurait placé la cryptographie forte sous le contrôle du gouvernement (des États-Unis d'Amérique). En 1996, les hackers ont mobilisé une large coalition pour défaire le mal nommé « Communications Decency Act » (ou CDA, une proposition de loi de contrôle de la décence des communications), et interdire ainsi la censure sur l'Internet.

La victoire sur le CDA nous fait passer d'un registre historique à un registre d'actualité. On entre aussi dans une période où votre historien joue un rôle plus actif que celui d'observateur. Cette narration continue dans « La revanche des hackers ».

 

Les gouvernements sont tous, plus ou moins, des coalitions opposées au peuple . . . et les dirigeants n'ayant pas plus de morale que ceux qu'ils dirigent . . . on ne peut maintenir le pouvoir d'un gouvernement dans les limites qu'il s'est imposées qu'en lui faisant la démonstration d'une puissance égale à la sienne, le sentiment de tout un peuple.

 
--Benjamin Franklin Bache, dans un éditorial du Philadelphia Aurora, 1794