Tribune Libre: Ténors de l'Informatique Libre | ||
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Certaines personnes affirment avec force que Linux se balkanisera comme tous les Unix. La réponse offre à mon sens la meilleure illustration du caractère très nouveau de l'approche adoptée par ses développeurs. Il existe aujourd'hui, en apparence, trente versions différentes du système Unix, pour la plupart incompatibles.
Mais les forces qui ont séparé les différents Unix travaillent maintenant à l'unification des versions de Linux.
La différence principale entre Unix et Linux ne réside pas dans le noyau, ou le serveur Apache, ou toute autre caractéristique de ce genre. C'est qu'Unix n'est qu'un système propriétaire de plus, dont seuls les binaires sont livrés, et qui reste fondé sur la propriété intellectuelle. Cela signifie que les éditeurs de ces Unix subissent des pressions commerciales à court terme, les invitant à conserver toute innovation ajoutée au système afin d'en réserver les bénéfices à leurs seuls clients. Avec le temps, les ajouts successifs de ces « innovations propriétaires » aux différentes versions d'Unix séparèrent peu à peu ces derniers, de façon parfois décisive. Les autres fournisseurs n'ont pas accès au code source de l'innovation et sa licence interdit de la reproduire, même si tous voudraient l'utiliser.
Pour Linux, tout fonctionne à l'envers. Si l'innovation proposée par un fournisseur de Linux devient populaire, les autres fournisseurs l'adopteront immédiatement, car ils disposent du code source correspondant, et sont autorisés à l'utiliser.
Tous les sceptiques, par exemple, prédirent la chute de Linux lors du débat de 1997 portant sur les anciennes bibliothèques C (libc) et la nouvelle version (glibc). Red Hat a adopté les nouvelles pour des raisons techniques. Certaines distributions populaires de Linux utilisèrent encore longtemps les anciennes versions. Le débat a fait rage pendant six mois. Pourtant, alors que 1998 touchait à sa fin, toutes les distributions importantes de Linux avaient opté ou annoncé qu'elles opteraient pour les plus récentes bibliothèques, plus stables, plus sûres, et plus performantes.
C'est une partie de la puissance de l'Open Source : il crée une sorte de pression unificatrice vers un point de référence commun (un standard ouvert, en fait) et cela fait tomber les barrières de la propriété intellectuelle, qui entraveraient sinon cette convergence.
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