Chapitre 4. Le système d'exploitation du projet GNU et le mouvement du logiciel libre

Table des matières
La première communauté qui partageait le logiciel
L'effondrement de la communauté
Une profonde prise de décision
Free comme liberté
Les logiciels et le système du projet GNU
La genèse du projet
Les premiers pas
GNU Emacs
Un programme est-il libre pour chacun de ses utilisateurs ?
Le copyleft et la GPL de GNU
La Free Software Foundation, ou fondation du logiciel libre
Assistance technique au logiciel libre
Objectifs techniques
Les ordinateurs offerts
La GNU Task List, ou liste des tâches du projet GNU
La GNU Library GPL, ou licence publique générale de GNU pour les bibliothèques
Gratter là où ça démange ?
Des développements inattendus
Le GNU Hurd
Alix
Linux et GNU/Linux
Les défis à venir
« Open Source »
Jetez-vous à l'eau !
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La première communauté qui partageait le logiciel

En 1971, quand j'ai commencé à travailler au laboratoire d'intelligence artificielle (IA) du MIT[1], j'ai intégré une communauté qui partageait le logiciel depuis de nombreuses années déjà. Le partage du logiciel n'était pas limité à notre communauté ; c'est une notion aussi ancienne que les premiers ordinateurs, tout comme on partage des recettes depuis les débuts de la cuisine. Mais nous partagions davantage que la plupart.

Le laboratoire d'IA utilisait un système d'exploitation à temps partagé appelé ITS (Incompatible Timesharing System, ou système à temps partagé incompatible) que les hackers[2] de l'équipe avaient écrit et mis au point en langage d'assemblage pour le Digital PDP-10, l'un des grands ordinateurs de l'époque. En tant que membre de cette communauté, hacker système de l'équipe du laboratoire d'IA, mon travail consistait à améliorer ce système.

Nous ne qualifiions pas nos productions de « logiciels libres », car ce terme n'existait pas encore ; c'est pourtant ce qu'elles étaient. Quand d'autres universitaires ou quand des ingénieurs souhaitaient utiliser et porter l'un de nos programmes, nous les laissions volontiers faire. Et quand on remarquait que quelqu'un utilisait un programme intéressant mais inconnu, on pouvait toujours en obtenir le code source, afin de le lire, le modifier, ou d'en réutiliser des parties dans le cadre d'un nouveau programme.

Notes

[1]

N.d.T. : Institut de Technologie du Massachusetts, l'une des universités les plus prestigieuses des États-Unis d'Amérique.

[2]

L'utilisation du mot « hacker » dans le sens de « qui viole des systèmes de sécurité » est un amalgame instillé par les mass media. Nous autres hackers refusons de reconnaître ce sens, et continuons d'utiliser ce mot dans le sens « qui aime programmer et apprécie de le faire de manière astucieuse et intelligente. » (N.d.T. : en français, on peut utiliser le néologisme « bitouilleur » pour désigner l'état d'esprit de celui qui « touille des bits »).