Cyber-culture
et info-éthique
|
Philippe Quéau,
Bulletin Ciret n°12, février 1998
" [...] La révolution actuelle n'est pas une simple
révolution technique, mais quelque chose de beaucoup plus
profond, comparable à ce que fut l'apparition de l'alphabet.
Le numérique est une nouvelle lingua franca , permettant
la transparence totale entre toutes les formes de représentation.
On peut la comparer aussi à l'invention de l'imprimerie
(Internet est l'équivalent d'une imprimerie universelle,
personnelle, ubiquitaire, instantanée et très bon marché).
Cette révolution culturelle va si loin qu'on peut même parler
de l'apparition d'une nouvelle "manière d'être". "Le fait
d'être sur le net refaçonne votre conscience" dit-on. [...]
"
|
|
Bulletin
du Ciret - Texte
- Archive 17
Cyberésistance
Des internautes contre le néo-libéralisme
|
Olivier
Blondeau, 1999(?)
" [...] Internet n'est pas qu'une technologie mais
aussi une culture imprégnée par les idées libertaires
et autogestionnaires de ses fondateurs. Cette culture,
s'articulant étroitement aux possibilité technologiques
inédites de l'outil technique, ouvre de nouveaux espaces
de représentation dépassant les modèles anciens : c'est
en particulier le cas de la notion de Zone d'autonomie
temporaire d'Hakim Bey, de celle de Résistance électronique
du Critical Art Ensemble,... mais c'est surtout le cas
de la rencontre entre les militants du mouvement social,
conscient que tout reste à inventer, avec des activistes
militant depuis des dizaine d'années pour la liberté de
parole et d'accès à Internet et pour le logiciel libre.
La cyberculture n'offre-t-elle pas alors une issue organisationnelle
et culturelle au mouvement social permettant d'inaugurer
les nouvelles formes de conflictualité de l'ère informationnelle?
[...] "
|
|
Cyberesistance
- Texte
- Archive 18
Lettre
ouverte à Philippe Breton
Sur le culte de l'internet
|
Cathexie,
Minirezo 2, 29 octobre 2000
" [...] La quatrième de couverture
de votre récent opuscule [ Le culte de l'Internet.
Une menace pour le lien social ? La Découverte
2000 ] indique que vous cherchez au CNRS et enseignez
en Sorbonne. A vous lire, je me demande au juste ce que
vous cherchez. Et je m'inquiète pour vos étudiants de
ce que vous enseignez. . [...]
[...] la réalité de l'utilisation de l'internet se laisse
difficilement réduire à votre représentation fantasmatique
d'une légion de la Lumière de l'ouverture de l'information
contre les Ténèbres de l'obscurité de l'entropie. Je vois
quant à moi l'expression du monde dans sa diversité, c'est-à-dire
un entrelacement complexe d'opinions individuelles ou
collectives, de stratégies idéologiques ou commerciales,
d'affinités électives et sélectives, de croyances rationnelles
ou irrationnelles... [...] "
|
|
uZine2 - Texte
- Archive
19
Le
piratage au service des monopoles
|
Arno*,
Uzine 2, 25 aout 2000
" [...] Sans le piratage, les gens apprendraient
à utiliser des logiciels moins chers ou carrément gratuits,
et les entreprises se contenteraient d'utiliser ces mêmes
logiciels. Sans le piratage, les cercles vicieux s'inverseraient
au service de la qualité et du logiciel libre. Et si l'on
veut reprendre la phraséologie libérale de la BSA : sans
le piratage, la concurrence redeviendrait saine et les
monopoles de l'informatique ne justifieraient plus ces
impôts privés ; l'économie s'en porterait mieux, mais
pas forcément les membres de la BSA... "
|
|
uZine2 - Texte
- Archive
20
Le
nouveau protectionnisme est intellectuel
|
Bernard
Lang, 1999
"Un leitmotiv de la pensée dite libérale
est l'absence de solutions de rechange à l'économie
de marché. Dans le cas des logiciels, rien n'est
moins vrai. Outre le fait que l'on peut douter de l'applicabilité
des théories de l'économie classique à
l'économie de l'immatériel, on voit apparaître
de nouveaux modes de production, de coopération et
d'échange que l'on commence à peine à
étudier et à comprendre. Car une autre voie
se dessine déjà. Si elle fut longtemps ignorée
par les entreprises dont la timidité devant ce changement
était compréhensible, le long et quasi total
black-out des médias à l'égard de ce
phénomène économique nouveau et massif
était moins explicable !
Le libéralisme économique est hémiplégique.
Il justifie la disparition de bien des barrières
- dont celles destinées à protéger
les individus - et l'affaiblissement de la souveraineté
des États par le besoin d'une plus grande fluidité
de l'économie. Mais en même temps, il établit,
par l'abus des copyrights et des brevets, par le non-respect
des standards, par le contrôle des interfaces, par
le secret industriel et par la recherche de monopole, des
barrières bien plus nocives au progrès économique
et technique et à la création d'emplois utiles.[...]"
|
|
Internet,
nouvelle utopie humaniste ?
|
Bernard
Lang, Pierre Weis, Véronique Viguié Donzeau-Gouge,
26 septembre 1997
" [...] L'Internet est avant tout un lieu de rencontre,
de discussion, de confrontation, d'entraide, de collaboration,
de culture, de citoyenneté et de tolérance. C'est au travers
de l'Internet que des milliers de volontaires de tous les
pays, dont la plupart ne se rencontreront jamais qu'en esprit,
collaborent bénévolement pour réunir, pour le bénéfice de
tous, des ressources de toutes natures. Ils conçoivent des
logiciels, nous l'avons dit, souvent meilleurs que ce dont
l'industrie est capable (et cela s'explique par la nature
nécessairement sociale du processus de création). Mais ils
élaborent aussi des ressources éducatives, des manuels,
des bibliothèques littéraires libres, des collections iconographiques,
et bien d'autres. Tout cela gratuitement, alors qu'ailleurs
on veut rendre payantes les bibliothèques de prêt. [...]
[...] Alors, l'Internet a-t-il sa place à l'école ? À
l'évidence, la réponse est oui. Ce n'est pas un outil informatique
ou une télévision, mais un lieu de vie et d'expression dont
l'apprentissage vrai relève d'un cours d'instruction civique.
C'est aussi une immense bibliothèque, et un musée universel
dont il faut apprendre à utiliser les ressources, comme
on apprend à utiliser celles des CDI de nos collèges, mais
auxquels on peut également apprendre à apporter sa contribution.
[...]"
|
|
Bernard
Lang - Texte
- Archive
22
Comment
devenir un hacker ?
|
Eric
Steven Raymond
" [...] Il existe une communauté - une culture partagée
- de programmeurs chevronnés et de sorciers des réseaux
dont l'histoire remonte, à travers les décennies, aux
premiers mini-ordinateurs multi-utilisateurs et aux premières
expériences d'ARPAnet. Les membres de cette communauté
ont inventé le terme «hacker». Ce sont les hackers qui
ont construit Internet. Ce sont les hackers qui ont fait
du système d'exploitation Unix ce qu'il est aujourd'hui.
Ce sont les hackers qui font marcher Usenet et le World
Wide Web.[...]
[...] Les hackers résolvent des problèmes, ils construisent,
et ils croient en la liberté et en l'assistance mutuelle
bénévole. Pour être crédible en tant que hacker, vous
devez vous comporter comme si cet état d'esprit était
le vôtre. Et pour vous comporter de cette façon, vous
devez réellement y croire.[...]"
|
|
Freescape
- Texte
- Archive 23
Comment
devenir un artiste ?
|
Antoine
Moreau, 28 décembre
1999
" [...] Ceci est la réécriture par Antoine Moreau
le 28 Décembre 99 du texte “How to be a Hacker” de Eric
S. Raymond d’après la traduction française réalisée par
Stéphane Fermigier. [...]
[...] il y a un autre groupe de personnes qui s'autoproclament
des ``artistes'', mais qui n'en sont pas. Ces gens (principalement
des adolescents de sexe masculin) prennent leur pied en
s'introduisant à répétition dans les galeries d’art et en
vendant leur travail. Les vrais artistes appellent ces gens
des ``artisans'' et ne veulent rien avoir à faire avec eux.
[...] Si vous voulez devenir un artiste, alors continuez
cette lecture. Si vous voulez devenir un artisan, allez
lire le “journal des expositions”, c'est tout ce que j'ai
à en dire. [...]"
|
|
L'économie
du don High Tech
|
Richard
Barbrook, 1999
" [...] En dépit de la commercialisation du cyberespace,
l'intérêt personnel des utilisateurs du Net garantit que
l'économie du don high tech continuera d'être florissante.
[...] La plupart des politiciens et des chefs de grandes
entreprises du monde développé croient que l'avenir du capitalisme
réside dans la marchandisation de l'information. [...] Sur
le Net, renforcer les droits de reproduction revient à imposer
la rareté à un système technique conçu pour maximiser la
diffusion de l'information. La protection de la propriété
intellectuelle empêche tous les utilisateurs d'accéder à
toutes les sources de connaissance. [...]
[...]Le gauchisme a anticipé l'émergence de l'économie
du don high tech. Les gens pouvaient collaborer les uns
avec les autres sans avoir besoin de marché ou d'État. Mais
le gauchisme avait une vision puriste de la culture du «faites-le
vous-même»: le don était l'antithèse absolue de la marchandise.
Et pourtant, l'anarcho-communisme sur le Net n'existe que
sous la forme d'un compromis. Contrairement à la vision
éthique et esthétique du gauchisme, l'économie marchande
et le don ne sont pas seulement en conflit mutuel: elles
coexistent en symbiose.[...]"
|
|
Coopération
et production immatérielle dans le logiciel libre
Éléments pour une lecture politique du phénomène
GNU/Linuxs
|
Laurent Moineau et Aris Papathéodorou, Samizdat
Publié dans Multitudes,
numéro 1, février 2000.
" [...] C'est la nature et les modalités de cette
coopération productive, à plus d'un titre exceptionnelle,
qu'il nous intéresse de saisir. En effet, si l'on sort d'une
simple interprétation idéologique qui ne verrait là qu'une
pure (et traditionnelle) contradiction entre une "alternative
non-marchande" et la puissance récupératrice du marché,
nous pouvons alors lire dans l'émergence du modèle productif
du logiciel libre, dans ses contradictions et dans les enjeux
qui se nouent autour de son devenir, non seulement des éléments
d'interprétation sur le capitalisme post-industriel, mais
surtout des indications sur les enjeux politiques qui s'y
dessinent, bien au-delà du seul secteur informatique. Mais,
pour comprendre ce qui se trame aujourd'hui, il nous semble
qu'il faut, avant toute chose, reparcourir une série de
processus de constitution de savoirs, d'aggrégations communautaires
et d'innovations techno-scientifiques. [...] "
|
|
Le
droit de lire
|
Richard Stallman,
Communications of the ACM, février 1997
" POUR DAN HALBERT, la route vers Tycho commença à
l'université - quand Lissa Lenz lui demanda de lui prêter
son ordinateur. Le sien était en panne et, à moins qu'elle
puisse en emprunter un autre, elle échouerait à son projet
de mi-session. Il n'y avait personne d'autre, à part Dan,
à qui elle osait demander. Ceci posa un dilemme à Dan. Il
se devait de l'aider - mais s'il lui prêtait son ordinateur,
elle pourrait lire ses livres. À part le fait que vous pouviez
aller en prison pour plusieurs années pour avoir laissé
quelqu'un lire vos livres, l'idée même le choqua au départ.
Comme à tout le monde, on lui avait enseigné dès l'école
primaire que partager des livres était mauvais et immoral
- une chose que seuls les pirates font. [...] "
|
|
Tribune
libre
|
B. Behlendorf, S. Bradner, J. Hamerly,
K. McKusick, T. O'Reilly, T. Paquin, B. Perens, E. Raymond,
R. Stallman, M. Tiemann, L. Torvalds, P. Vixie, L. Wall,
B. Young, édition O'Reilly,
juin 1999
"Ce livre réunit les témoignages et analyses des principaux
ténors de l'informatique 'Libre', et aide à mieux comprendre
son fonctionnement, les raisons de son succès et sa destinée
probable. Pour la première fois dans l'histoire de l'édition,
cet ouvrage bénéficie d'une traduction 'libre' très proche
du modèle de développement des logiciels libres, et notamment
de Linux."
" Qu'est-ce que le logiciel libre, et en quoi se rapporte-t-il
à l'Open Source ?"
" Une brève histoire des hackers. "
" Le système d'exploitation du projet GNU et le mouvement
du logiciel libre. "
" Libérons les sources — L'histoire de Mozilla "
|
|
Des
vidéos libres de droits pour des télévisions
de proximité
|
Jean
Michel Cornu, 2000 (?)
" [...] Une autre solution consiste à s'échanger gratuitement
des films entre télévisions de proximité. Mais en théorie,
il faut à chaque fois faire une demande et signer un protocole
de cession de droits de diffusion entre les deux organisations.
Pas si facile lorsqu'on dispose d'un temps limité et que
l'on n'a pas une armada de juristes. C'est de ce constat
qu'est partie l'idée de créer une licence publique multimédia
sur le modèle du logiciel libre.[...]
[...] La notion de code source et de code objet a peu de
sens dans le monde des contenus. Tout film disponible au
format numérique peut être modifié ou réutilisé. Par ailleurs,
la notion de diffusion a été ajoutée en plus de la copie
et de la distribution qui sont abordées dans le logiciel
libre. Pour conserver la notion d'intégrité des oeuvres,
il a été choisi de ne donner le droit de diffuser les films
que dans leur intégralité (générique compris). [...]"
|
|
Internet
comme machine de guerre
|
Cathexie, Minirezo,
20 octobre 2000
" [...] 1. En suivant Guy Debord, on peut considérer
l'âge de l'information et de la communication comme l'entrée
de l'humanité dans l'ère du « spectaculaire intégré » —
à la fois concentré dans son mode de production et diffus
dans son mode de consommation —, c'est-à-dire la substitution
du monde représenté au monde vécu. Le monde de plus en plus
globalisé se fragmente en individus de plus en plus isolés
face à des instruments de pouvoir de plus en plus perfectionnés
dont la finalité est le conditionnement des esprits, l'assujettissement
des corps, l'aliénation du temps libre ou serf, la destruction
de la distance objective ou subjective. Cette vision n'est
que partiellement exacte — la première preuve résidant dans
le fait que vous êtes en train de lire ce texte — [...]
"
|
|
Manifeste
de la libre information
|
Faré,
4 septembre 1998, version 0.2.1
" [...] La propriété intellectuelle (brevets et droits
d'auteur ) étaient sans doute utiles dans un monde où l'information
circulait difficilement, où la création d'information était
encore relativement rare, et à protéger, où une taxe sur
l'information n'avait donc pas d'effet négatif majeur sur
l'économie. Dans le monde actuel, et plus encore dans celui
du futur, où la création et la manipulation d'information
sera une tâche prépondérante dans l'activité humaine, cette
propriété crée autant de monopoles qui brisent l'élan créateur,
et dressent partout des barrières à l'encontre de l'esprit
humain. [...]"
|
|
Dissidents
décidés
Interview de Aris Papatheodorou, Samizdat.net
|
Propos recueillis par Cesare
Piccolo le 13 octobre 2000
" [...] La
menace qui a pesé sur les radios libres ne pèse
donc pas sur le Net libre ?
Le Net ne finira pas comme les radios libres car l'espace
et les possibilités qu'il offre sont infinis. Le
Net repose sur du logiciel libre. C'est fondamental. Les
utilisateurs peuvent s'approprier et réutiliser les
outils, ça veut dire qu'ils ont à portée
de main la possibilité de créer sur le Net
avec peu de moyens. Alors qu'avec les radios et les médias
traditionnels il est impossible d'atteindre des niveaux
de diffusion intéressants si on ne fait pas des investissements
lourds. [...]
|
|
|