La
liberté de l'hypermédia |
Richard
Barbrook, 1996
" [...] Comme autrefois à la radio - et plus tard
à la télévision -, le désir d'attirer un public de masse
peut s'avérer une méthode bien plus efficace de contrer
le radicalisme politique et l'expérimentation culturelle
que toutes les censures glissées dans les derniers paragraphes
à la noix d'une loi sur les télécommunications.[...] La
liberté d'expression sur le Net n'est pas seulement menacée
par l'État, mais également par le marché. Comme l'a montré
l'histoire de la radio aux États-Unis, ces deux formes de
censure ont souvent été imposées conjointement. Les politiciens
et les grandes entreprises ont un intérêt commun à faire
en sorte que l'«Amérique moyenne ne soit troublée par aucune
idée radicale, qu'elle soit de type politique ou culturel,
susceptible d'être propagée par les nouvelles formes de
communication de masse.[...]
[...] En outre, une campagne pour les droits du cyberespace
doit reconnaître les contradictions économiques que comporte
la liberté de l'hypermédia. Dans la mesure où ils reposent
sur la contribution bénévole des amateurs, les projets collectifs
dans l'hypermédia peuvent fort bien exister au sein d'une
économie du don high tech. Mais si les artisans numériques
doivent être rémunérés pour leur travail, une certaine forme
d'économie marchande devra être créée sur le Net, et la
libre circulation des marchandises l'emportera, d'une façon
ou d'une autre, sur la libre circulation des idées. [...]
"
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Libres
enfants du savoir numérique - Texte
- Archive 49
Vendre
du vin sans bouteilles :
l'économie de l'esprit sur le réseau global
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John
Perry Barlow, ?
" [...] L'énigme est la suivante: si ce qui nous
appartient peut être reproduit à l'infini et instantanément
diffusé sur toute la planète sans le moindre coût, sans
que nous en soyons informés et, qui plus est, sans que
cela cesse d'être en notre possession, comment pouvons-nous
le protéger? Comment allons-nous être rémunérés pour les
oeuvres issues de notre esprit? Et, si nous ne pouvons
l'être, qu'est-ce qui assurera la poursuite de la création
et de la diffusion de ce type d'oeuvres? [...]
[...] À l'avenir, la réduction de nos libertés ne sera
peut-être pas principalement le fait du gouvernement,
mais des départements juridiques des grandes entreprises,
qui feront leur possible pour protéger par la force ce
qui ne peut déjà plus être protégé par les conditions
objectives ou par le consensus social. [...] Dans certains
secteurs, cela donne lieu à des droits de propriété dont
la qualification est si ambiguë qu'on en arrive de nouveau
à une situation où la propriété appartient à ceux qui
peuvent mobiliser les armées les plus puissantes. La seule
différence est que, cette fois, il s'agit d'armées de
juristes.[...]"
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Libres
enfants du savoir numérique - Texte
- Archive 50
Intérêt
général et propriété intellectuelle
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Philippe Quéau,
1999
" [...] Plus les problèmes
sont complexes et globaux, plus ils sont difficiles à
traiter et à assimiler par le public, qui a tendance à
ne pas réagir à temps aux enjeux qui pourtant le touchent
de près. Les groupes de pression sectoriels ont en revanche
une très claire notion de leurs intérêts et de la manière
de les soutenir. Ils ont surtout d'énormes moyens de pression
pour faire avancer leurs idées, quand leurs contradicteurs
sont souvent structurellement beaucoup plus défavorisés
pour faire entendre leur point de vue, alors que paradoxalement
ils représentent l'intérêt du plus grand nombre. [...]
[...] Comment le droit évolue-t-il par rapport à la
défense du domaine public, comment prend-il en compte
les exceptions à des fins d'intérêt général (copie privée,
enseignement, recherche), tend-il à renforcer ou à affaiblir
les exclusions métajuridiques, comme l'exclusion de la
protection des données brutes ou des idées, procédures,
méthodes, concepts mathématiques, si nécessaires pour
la libre circulation des idées? [...] "
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Libres
enfants du savoir numérique - Texte
- Archive 51
Les
Etats du Libre
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Olivier
Blondeau, 2000
" [...] Système d'exploitation et logiciels,
musique, vidéo, recherche scientifique ou art contemporain,...
le «Libre», loin de n'être qu'un débat entre quelques
spécialistes de la propriété intellectuelle, est en passe
de coloniser aujourd'hui l'ensemble des secteurs de la
création et du savoir. Le «Libre» est en effet avant tout
une posture qui, dans son évidence, se suffit à elle-même
au-delà de toute tentative de conceptualisation : si je
veux enrichir mon champ de réflexion, je dois le partager
avec d'autres.[...] "
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Libres
enfants du savoir numérique - Texte
- Archive 52
Le
manifeste GNU
|
Richard
Stallman, 1984
" [...] Les éditeurs de logiciels cherchent à diviser
et à conquérir les utilisateurs, en interdisant à chacun
de partager avec les autres. Je refuse de rompre la solidarité
avec les autres utilisateurs de cette manière. Je ne peux
pas, en mon âme et conscience, signer un accord de non-divulgation
ou une licence de logiciels. [...]
[...] Une fois GNU achevé, tout le monde pourra obtenir
de bons logiciels libres comme l'air. Ceci représente beaucoup
plus que l'économie d'une licence Unix. Cela veut dire que
l'on va éviter la duplication inutile du travail de programmation.
Cet effort pourra plutôt se diriger vers l'avancement du
domaine informatique. Les sources du système complet seront
disponibles pour tous. [...]"
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Droits
de reproduction : le public doit avoir le dernier mot
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Richard
Stallman, 1996
"[...] Le système du copyright s'est développé en
même temps que l'imprimerie. Au temps de l'imprimerie, il
était pratiquement impossible à un lecteur ordinaire de
reproduire un livre. Une telle reproduction nécessitait
que l'on disposât d'une presse à imprimer, et en général
les lecteurs n'en avaient pas une sous la main. En outre,
il était absurdement coûteux de reproduire un livre de cette
façon, à moins de le tirer à un grand nombre d'exemplaires
- c'est pourquoi, de fait, seul un éditeur pouvait reproduire
un livre sans se ruiner. Ainsi, en cédant aux éditeurs la
liberté de reproduire les livres, le public leur a vendu
une faculté qu'en réalité il ne pouvait pas mettre en pratique.
[...]
[...] reproduire des informations utiles, éclairantes ou
divertissantes à l'intention d'un ami rend le monde meilleur
et plus heureux; l'ami en tire un bénéfice sans léser qui
que ce soit. C'est une activité constructive qui renforce
les liens sociaux. [...]"
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Libres
enfants du savoir numérique - Texte
- Archive
54
A
la conquête de la Noosphère
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Eric
S. Raymond, Version 1.14,
du 21 novembre 1998; traduit au printemps 1999
" [...] L'idéologie de la culture des logiciels
à sources ouverts sur Internet (celle en laquelle croient
les hackeurs) est un sujet déjà assez compliqué en lui-même.
Tous ses membres s'accordent sur le fait que les logiciels
à sources ouverts (c'est-à-dire les logiciels librement
redistribuables et qu'on peut facilement faire évoluer
et modifier en fonction de ses besoins) sont une bonne
chose et valent la peine qu'on s'y consacre de façon significative.
Cette position définit efficacement l'appartenance à cette
culture. Pourtant, les raisons pour lesquelles des individus
et différentes sous-cultures adhèrent à cette croyance
sont très variées.[...]
[...] Les cultures du don ne sont pas des réponses à
une pénurie, mais à une abondance. Elles surviennent dans
des populations qui ne souffrent pas de carences significatives
en biens de première nécessité. [...] Dans une culture
du don, le statut social n'est pas déterminé par ce que
vous contrôlez, mais par ce que vous donnez. [...]"
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Libres
enfants du savoir numérique - Texte
- Archive 55
Quelques
expressions trompeuses qu'il vaut mieux éviter d'employer
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Richard
Stallman, 1996
"[...] Les éditeurs parlent souvent de la reproduction
non autorisée en termes de «piratage». Ils sous-entendent
par là que la reproduction illégale est équivalente, sur
le plan éthique, à l'attaque des navires en haute mer et
à l'enlèvement ou à l'assassinat de leurs passagers.
- Si vous ne croyez pas que la reproduction illégale ne
fait qu'un avec les enlèvements et le meurtre, vous préférerez
certainement ne pas vous servir du terme «piratage» pour
la désigner.
Des termes neutres tels que «reproduction interdite» ou
«reproduction non autorisée» peuvent être employés. Certains
d'entre nous préfèrent employer une expression positive,
telle que «partage d'informations avec son voisin». [...]"
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Logiciels
libres, une introduction
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Benjamin Drieu,
1999
" [...] Aux Etats-Unis, plus de 50 000 brevets concernant
l'informatique sont déposés. Dans un tel contexte, il est
impossible à un programmeur d'accomplir son métier sans
transgresser un brevet à son insu. Les brevets informatiques
couvrent des domaines divers : les éléments les plus simples
de l'interface d'un programme, des algorithmes qu'un étudiant
de première année dans une école informatique pourrait inventer
à nouveau, et même l'utilisation des couleurs. Il faudrait
mettre un ou deux avocats derrière chaque programmeur, et,
dans la plupart des cas, il serait impossible d'écrire un
programme fonctionnel, car les algorithmes les plus efficaces
ou évidents sont protégés par des brevets. [...]"
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Catégories
des différents logiciels libres et non libres
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Free Software Foundation,
?
" [...] Le logiciel semi-libre n'est pas un logiciel
entièrement libre, mais y sont autorisés : l'utilisation,
la copie, la distribution, la modification, (y compris la
distribution des versions modifiées), à condition que ce
soit dans le cadre d'un usage privé, et à des fins non lucratives.
P.G.P. est l'exemple d'un programme semi-libre.
Un logiciel semi-libre c'est toujours mieux qu'un logiciel
propriétaire, mais cela pose toujours des problèmes, et
nous ne pouvons l'utiliser dans un système d'exploitation
libre.
Les restrictions du copyleft sont conçues pour protéger
les libertés fondamentales de tous les utilisateurs. Nous
pensons que la seule restriction valable, est celle d'empêcher
l'ajout de restrictions. Les programmes semi-libres possèdent
des restrictions supplémentaires, motivées par des buts
purement égoïstes. [...]"
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Appliquer
le copyleft à de l'Information de type non logiciel
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Michael
Stutz, ?
" [...] Certaines restrictions du copyright - telles
que la distribution et la modification - ne sont pas très
pratique pour la «Cybérie», la communauté démocratique,
apolitique et libre que constitue le monde numérique fonctionnant
en réseau. [...]
[...] La simple publication dans le «domaine public» ne
marchera pas, parce que certains essayeront d'abuser de
la situation à leur profit en privant les autres de la liberté.
Tant que nous vivons dans un monde avec un sytème légal
où les abstractions légales telles que le copyright sont
nécessaires, en tant qu'artistes ou scientifiques responsables
nous aurons besoin des abstractions légales, en bonne et
due forme, du copyleft qui assurent nos libertés et les
libertés des autres. [...] "
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Utopie
du plagiat, Hypertextualité et Production culturelle Electronique
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Critical Art Ensemble,
1994
" [...] Pourtant, un fardeau de connotations négatives
pèse sur le plagiat (en particulier dans la classe bureaucratique);
alors que les besoins se sont accrus avec le temps, le plagiat
lui-même a été camouflé sous un nouveau lexique par ceux
qui souhaitaient faire de sa pratique une méthode ou une
forme légitime de discours culturel. Ready-made, collage,
art-cloche, écriture automatique, intertexte, combinaisons,
détournement, appropriation: autant d'expressions qui témoignent
des explorations du plagiat. Certes, ces termes ne sont
pas exactement synonymes, mais ils recoupent un corpus de
sens essentiel à la philosophie et à l'activité plagiaire.
[...]"
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Les
avantages financiers de l'anticopyright
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Critical Art Ensemble,
1994 (?)
" [...] Le mouvement «anti-copyright» pose un problème
permanent aux producteurs culturels: ils se demandent comment
ils pourront être rémunérés pour leur travail et ne pas
en être dépossédés sans avoir à engager des poursuites légales
pour obtenir la reconnaissance de leur droit de propriété.
Ce problème n'a pas retenu l'attention des figures de proue
du mouvement «plagiariste», du mouvement du «reflet électronique»
et du mouvement «anti-copyright», qui semblent se contenter
de développer les principes de leurs mouvements respectifs
sur le plan de la théorie plutôt que de la pratique. La
position la plus ancienne (qui remonte à Lautréamont) et
la plus commune (on la trouve chez Debord, Home, Benjamin,
Gysin, Isou, Kraus, ainsi que chez les entités collectives
Karen Eliot, ®™ark et Luther Blisset) pour justifier la
non-privatisation de l'information est celle qui consiste
à croire que l'absence d'accès à des pans entiers de la
culture constituerait une entrave à l'expérimentation et
à l'invention.[...]"
|
|
Modifier
le copyright
|
Negativland ,
?
" [...] Afin de suggérer une solution culturellement
sensée au conflit juridique permanent qui oppose les propriétaires
de matériaux culturels soumis au copyright à ceux qui assemblent
ces matériaux pour donner naissance à de nouvelles créations,
nous plaidons pour un élargissement de la notion de «droit
de citation» (fair use). Nous voulons que le statut de «droit
de citation» qui existe déjà dans le droit de reproduction
en vigueur autorise une gamme beaucoup plus étendue de réemplois
libres et créatifs d'oeuvres existantes, chaque fois que
ces dernières sont utilisées pour concourir à la création
d'une oeuvre nouvelle. [...] "
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Droit
de Citation
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Negativland ,
?
" [...] Certains diront peut-être qu'il y a une grande
différence entre voler des idées, des techniques et des
styles qui sont dans le domaine public, et voler des biens
qui sont soumis au copyright. Mais si l'on met de côté la
crainte des poursuites judiciaires qui prévaut de nos jours
dans une industrie de l'art enchaînée par les lois, il n'y
a rien d'intrinsèquement répréhensible dans le fait qu'un
artiste décide d'incorporer des «échantillons» d'art préexistant
à son propre travail. Le fait que des lois, motivées par
des raisons économiques, l'interdisent n'en fait pas nécessairement
une démarche artistique indésirable. En réalité, ce genre
de vol peut se réclamer d'une tradition bien établie dans
les arts, qui remonte au temps de la révolution industrielle.[...]"
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Petit
traité plié en dix sur le Lyber
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Michel
Valensi 2000 ?
" [...] Un support peut en cacher un autre, ou nous
en faire découvrir les meilleurs aspects. Un logiciel téléchargé
librement nous confirme instantanément que les bénéfices
tirés du seul commerce des logiciels sont disproportionnés
par rapport à la facilité avec laquelle il est possible
de reproduire ce logiciel (Pourquoi Bill Gates est-il l'homme
le plus riche du monde et pas Richard Stallman?). Mais une
cassette audio renvoie à la plus grande qualité sonore d'un
CD. Une vidéo nous donne quelquefois envie d'aller au cinéma.
Un 'livre' téléchargé confirme que le Livre est sans équivalent.
[...] "
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