Grande
peur et misère de l'édition musicale à l'ère
numérique |
Olivier
Blondeau, avril 1999
" [...] L'immatériel devient, à l'heure actuelle,
une des premières sources de productivité et de pouvoir.
C'est sur le terrain de la maîtrise des processus de création,
de transmission et de traitement de l'information et des
savoirs que se déroulent les affrontements idéologiques
les plus âpres de la période. Expression juridique, quasi
universelle, de ces nouveaux rapports sociaux de production,
la notion de propriété intellectuelle est habilement convoquée
par les tenants du statu quo économique et social pour endiguer
la poussée, diffuse mais constante, d'aspirations libertaires
et émancipatrices.[...]
[...] Si le capitalisme a dépensé beaucoup d'énergie au
cours de son histoire à se défendre du spectre socialiste,
dont les théoriciens prônaient une appropriation collective
des moyens de production, cette menace étant apparemment
écartée, c'est au péril d'une appropriation individuelle
des moyens de production et d'échange, nés de la mutation
du capitalisme elle-même, qu'il est aujourd'hui directement
confronté. [...] "
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Cyberesistance
- Texte
- Archive 33
Le
code de la propriété intellectuelle
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Arno*,
Uzine 2, 14 septembre 2000
" [...] Le texte qui définit et encadre juridiquement
le droit d'auteur est le Code
de la propriété intellectuelle (CPI) ; nous vous
invitons vivement à le lire, c'est un texte très abordable,
dépourvu de jargon technique, qui dit clairement et simplement
les choses.
Nous allons cependant en extraire les parties qui nous
intéressent en tant que webmestres. [...] "
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uZine2 - Texte
- Archive 34
Les
barbares du bazar,
Une introduction aux faubourgs de la nouvelle
économie
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Florent Latrive,
introduction au livre "libres enfants du savoir numérique",
2000
" [...] Face à l'instinct
du Libre, à l'échange et à la diffusion des savoirs, les
barbares du Bazar buttent sur les lois sur la propriété
intellectuelle, les droits d'auteurs, les copyright, les
brevets, les licences, autant de balises censées protéger
les créateurs, pour favoriser l'existence même de cette
création. Lorsque les artisans du Libre évoquent l'échange,
la connaissance et le partage, les gardiens de la création
entendent piratage, copie et plagiat. Lorsque que les
libres enfants du savoir parlent de contribuer au savoir
collectif, une coalition mêlant les plus avides businessmen
et nombre d'idéalistes convaincus de la justesse de leur
combat leur rétorque: «Vous allez étouffer la création.».
[...] "
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Freescape
- Texte
- Archive 35
"Ils
pourront toujours se brosser avec leurs lois"
Interview de Aris Papathéodorou et Jean-Pierre
Masse, Samizdat.net
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par Jean-Marc Manach, transfert,
28 septembre 2000
" [...] L’Internet vous a fait changer votre vision
du politique ?
- Complètement. Le Net nous a appris une chose : c’est
que la logique manichéenne inhérente à la politique interdit
aux militants de se trouver des intérêts communs avec
des acteurs de la société qui sortent de leur cadre idéologique,
par exemple sur la question des brevets sur les logiciels,
il est évident que nous avons les mêmes intérêts que des
entreprises du secteur. Et bien, tant mieux, si c'est
ce qui peut faire reculer la " privatisation " du code.
Il y a plus de tabous en France que dans la culture anglo-saxonne,
où le privé, qui est jugé sur ce qu’il fait et propose,
et ne s’oppose pas forcément à l’intérêt collectif. [...]
"
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Samizdat - Texte
- Archive
36
Avatarium,
vivants, vibrants, libres...
Entretien avec Agnes Crepet, Avataria
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Propos recueillis par Aris Papathéodorou,
fin octobre 2000
"Le choix des groupes ne s'effectue pas uniquement
sur la dextérité et le savoir-faire des artistes, mais aussi
sur l'implication de chacun dans la musique qu'ils propagent
et surtout les cultures qu'ils contribuent à représenter.
Pour ce qui concerne, par exemple, le groupe Le Tigre, trois
filles le constituent : Kathleen Hannah, ex-chanteuse de
Bikini-kill, goupe punk new-yorkais du début des années
90, impliqué dans le label "Kill rock stars" qui, comme
son nom l'indique, a officié pendant plusieurs années à
Londres, en essayant de produire des groupes ayant une réelle
démarche alternative ; [...]
[...] Si aujourd'hui nous proposons une telle "hybridation
culturelle," entre informatique libre et musiques expérimentales,
c'est qu'à nos yeux il est absolument nécessaire d'ouvrir
son champ d'action et ses domaines d'acquistion de savoirs,
en ce sens que proner une alternative au monde du Spectacle
n'est pas distinguable de la révolution liée aux logicels
libres (plus exactement à la philosophie du Libre). [...]"
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Créativité
et propriété, où est le juste milieu ?
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Ram Samudrala,
juin 1998
"[...] Je pars du principe que le «progrès de la science
et des arts utiles» constitue une raison éthique valable
de restreindre la liberté individuelle de reproduire, modifier
et diffuser des informations déjà disponibles, et qu'il
est louable de consacrer des ressources sociales à restreindre
ces libertés en vue du bien public. Mais une question se
pose: les lois sur le droit de reproduction remplissent-elles
leur mission? En d'autres termes, la science et les arts
utiles sont-ils favorisés par la législation actuelle? [...]
[...] Lorsque la technologie de l'enregistrement numérique
a été lancée, sous la forme de «bandes audio numériques»
(digital audio tapes - DAT), l'industrie du disque, qui
n'avait rien retenu des leçons du passé, a réagi exactement
de la même façon qu'auparavant. Cette fois, elle a introduit
une technologie appelée «système de gestion de la reproduction
en série» (serial copy management system - SCMS), empêchant
les propriétaires de DAT d'effectuer plus d'une copie numérique.
L'industrie du disque a ensuite fait pression sur le Congrès
pour qu'il adopte la loi connue sous le nom de «Loi sur
l'enregistrement audio à domicile» (Audio home recording
Act, 1992). L'une des dispositions principales de cette
loi est d'interdire l'importation, la fabrication et la
diffusion de tout procédé ou support d'enregistrement audio
numérique ne comportant pas de SCMS, ainsi que tout procédé
permettant de contourner le SCMS. [...]"
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Freescape
- Texte
- Archive 38
Tradition
culturelle européenne et nouvelles formes de production et circulation
du savoir
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Maurizio Lazzarato,
Article publié dans la revue "Thesis", Weimar, N. 3, hiver
1999
" [...] Un véritable défi est lancé aux fondements
même du concept de culture et de ses modes de production,
de socialisation et d'appropriation. Je parle évidemment
de son intégration au processus de la valorisation économique.
Ce processus d'intégration s'est accéléré depuis le début
des années 80 à travers, d'une part, la mondialisation
et la financiarisation de l'économie, et d'autre part
l'avènement de ce qu'on appelle les nouvelles technologies..[...]
[...] L'hypothèse que je voudrais vous proposer renverse,
d'un certain point de vue, la stratégie de l'exception
culturelle et je pourrais la résumer de cette façon: les
modes de production, de socialisation et d'appropriation
du savoir et de la culture sont effectivement différents
des modes de production, de socialisation et d'appropriation
de richesses. Mais selon une intuition de Georg Simmel
ce" sont les modes de production et de socialisation propres
à la culture qu'il faut introduire dans l'économie", au
lieu d'en revendiquer l'autonomie. [...]"
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Freescape
- Texte
- Archive 39
TAZ,
zone autonome temporaire
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Hakim Bey,
1991
"[...] La TAZ pourrait peut-être trouver son propre
espace en intégrant deux attitudes apparemment contradictoires
à l'égard de la Haute Technologie et de son apothéose, le
Net: ce que nous pourrions appeler la position Fifth Estate/Néo-paléolithique/Post-situ/
Ultra-Verte, qui se définit elle-même comme un argument
luddite contre la médiation et contre le Net; et les utopistes
Cyberpunk, les futuro-libertaires, les Reality Hackers et
leurs alliés, qui voient le Net comme une avancée dans l'évolution
et croient que tout éventuel effet nuisible de la médiation
peut être dépassé - du moins, une fois les moyens de production
libérés. [...]
[...] La TAZ est «utopique» dans le sens où elle croit
en une intensification du quotidien ou, comme auraient dit
les Surréalistes, une pénétration du Merveilleux dans la
vie. Mais elle ne peut pas être utopique au vrai sens du
mot, nulle part, ou en un lieu-sans-lieu. La TAZ est quelque
part. . [...] Par nature, la TAZ se saisit de tous les moyens
disponibles pour se réaliser - elle naîtra aussi bien dans
une grotte que dans une Cité de l'Espace L5 - mais par-dessus
tout, elle vivra, maintenant, ou dès que possible, sous
quelque forme suspecte ou délabrée, spontanément, sans égard
pour l'idéologie ou même l'anti-idéologie. Elle utilisera
l'ordinateur parce que l'ordinateur existe, mais elle se
servira aussi de pouvoirs qui sont si éloignés de l'aliénation
ou de la simulation qu'ils lui garantissent un certain paléolitisme
psychique, un esprit chamanique primordial qui «infectera»
le Net lui-même (le vrai sens du Cyberpunk tel que je le
comprends). Parce que la TAZ est une intensification, un
surplus, un excès, un potlatch, la vie passée à vivre plutôt
qu'à simplement survivre (ce shibboleth pleurnichant des
années quatre-vingt), elle ne peut être définie ni par la
Technologie ni par l'anti-Technologie. [...]"
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Les
cyber-résistants du libre
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Jérome
Dominguez, 17 octobre 2000
" Pour beaucoup, le logiciel libre, fortement lié
à l'Internet et à ses modes de communication associés n'est
que le prémisse d'une cyber-révolution en marche. D'ailleurs,
au vu d'évènements relativement récents (mobilisation de
Seattle du 30 nov 99, succès d'ATTAC, etc.), on ne peut
nier que les outils électroniques de communication prennent
une place de plus en plus importante dans la mobilisation
citoyenne. Le fantasme du cyber-résistant prend forme. On
peut même rêver que, malgré le lobbying intense de grosses
structures américaines et de spécialistes en propriété intellectuelle,
le Parlement Européen ne procède pas à l'imminente modification
de l'exception logicielle des paragraphes de la convention
de Munich sur le brevetage.
Pour autant, comme le rappelle Serge Halimi les formes
de mobilisation progressistes les plus efficaces et les
plus démocratiques ne sont pas nécessairement les plus modernes.
Il cite notamment parmi les écueils à éviter, celui de négliger
l'impératif de l'organisation. [...]"
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La
musique en ligne ? Un service public !
Pour l'accès de tous à la zique sans passer par
Napster ou quelque start up
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Ariel Kyrou,
12 novembre 2000
" [...] Quelle sera la réponse des institutions et
des monstres du loisir ? La répression policière et cyber-policière
? Certes, mais comment remonter aux coupables ? Dans l'impossibilité
de traquer les maîtres de Freenet et Gnutella, vont-ils
traquer chez eux les « consommateurs » allergiques au copyright
? Big brother es-tu là ? [...]
[...] Le financement de ce service public inédit ? Et le
paiement des artistes ? Saviez-vous qu'à chaque cassette
audio achetée, vous payez une taxe qui va dans la poche
des intermédiaires du disque. Pourquoi ne pas étendre ce
principe au CD enregistrable mais au bénéfice de notre nouveau
service public ? Enfin, chaque usager de ce service universel
de téléchargement gratuit pourrait décider, en cas d'extase
musicale et d'une santé financière lui permettant cet acte
généreux, de donner des deniers à tel ou tel artiste après
avoir puisé gratuitement dans l'océan de musiques... Comme
un pourboire d'un nouveau style, électronique et libre.
[...]"
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Brevetabilité
des logiciels
Breveter l'oeuf pour empêcher la poule de pondre
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Sebastien
Cavenet, 31 août 2000
" [...] Il est en effet difficilement admissible qu'un
système d'exploitation libre et gratuit comme Linux taille
des croupières à ses concurrents commerciaux en faisant
mieux qu'eux ; que de petites sociétés ou des informaticiens
individuels diffusent des freewares et des sharewares de
qualité gratuitement ou à faible prix, prenant ainsi des
parts de marché tout en contribuant à la cyber-diversité...
[...] "
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L'avenir
de la musique
|
Ram Samudrala,
?
"J'AI VU L'AVENIR, ET CE SERA ... une bataille entre
la Cathédrale et le Bazar. Avant d'expliquer ce que je veux
dire, je vais être le premier à admettre que tout ce qui
va suivre est plutôt prétentieux. Essayer de prédire l'avenir
d'un système dynamique complexe est, par définition, impossible.
Toutefois, je crois que nous pouvons influer sur l'orientation
de l'évolution du système, et j'espère que ce que j'écris
deviendra une prophétie autoréalisatrice.[...]"
" [...] Dans une acception plus radicale, la musique
est totalement libre lorsqu'un autre musicien peut utiliser
une création préexistante comme point de départ pour sa
propre création. C'est alors que la musique libre devient
très intéressante. Et sans cette liberté, la créativité
humaine ne peut vraisemblablement pas développer toutes
ses capacités. [...]"
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Libre
comme l'eau, l'air, le savoir
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Bruce
sterling, juin 1992
" [...] J'aime les bibliothèques et les bibliothécaires.
Je leur dois ma carrière. J'ai le plus grand respect pour
monsieur Franklin. Je déteste voir les livres devenir des
marchandises et voir l'accès aux livres devenir une marchandise.
J'aime aussi les librairies, et je gagne, bien sûr, ma vie
grâce à elles, mais je me fais de plus en plus de souci
pour elles. Je n'aime ni les chaînes de librairies, ni la
grande distribution. Nous avons déjà, aux États-Unis, une
douzaine de personnes qui achètent tous les livres de science-fiction
pour les douze principaux distributeurs américains. L'information
et l'attention sont filtrées par eux, leur critère est la
rentabilité, et la rentabilité est une feinte et une escroquerie.
Je n'aime pas non plus les grands groupes d'édition. L'édition
moderne est aux mains d'un trop petit nombre de gens. Ils
détiennent les moyens de production et, pis encore, ils
détiennent beaucoup trop de moyens d'attention. Ils déterminent
l'orientation que suivra notre attention.[...]"
|
|
Une
déclaration d'indépendance du cyberspace
|
John
Perry Barlow , 9 février
1996
" [...] Nous sommes en train de créer un monde ouvert
à tous, sans privilège ni préjugé qui dépende de la race,
du pouvoir économique, de la puissance militaire ou du rang
à la naissance. Nous sommes en train de créer un monde où
chacun, où qu'il soit, peut exprimer ce qu'il croit, quel
que soit le degré de singularité de ses croyances, sans
devoir craindre d'être forcé de se taire ou de se conformer.
[...]
[...] Vos industries de l'information, de plus en plus
obsolètes, cherchent à se perpétuer en proposant des lois,
en Amérique et ailleurs, qui ont la prétention de confisquer
à leur profit jusqu'à la parole même à travers le monde.
Ces lois cherchent à transformer les idées en un produit
industriel comme les autres, au même titre que les lingots
de fonte. Dans notre monde, tout ce que l'esprit humain
peut créer peut être reproduit et distribué à l'infini sans
que cela ne coûte rien. Le transmission globale de la pensée
n'a plus besoin de vos usines pour se faire. [...] "
|
|
Des
îles dans le réseau
|
Aris
Papathéodorou, Alice, numéro
1, octobre 1998
" [...] Ce n'est pas simplement un appareillage technique
nouveau qui a pris corps avec la naissance de l'Internet.
D'une part, ce sont des possibilités inédites et réelles
de circulation de l'information et des données en général
qui se sont ouvertes au point de modifier des équilibres
de pouvoir et de gestion tant au niveau des États que de
l'entreprise. [...]
[...] Les enjeux réels sont politiques et sociaux. Ils
se jouent aujourd'hui autour des tentatives de privatisation
des ressources et des savoirs, de la question du copyright,
de l'accès public aux moyens de communication, du commerce
électronique. [...]"
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Le
cyberpunk, contre-culture des années 90 ?
Le quartier chaud de la communauté virtuelle
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Seeker1,Traduction
de l'américain et notes par Aris Papathéodorou, ?
" [...] Dans un ordre multinational de l'information,
où les éditeurs de films, de logiciels, de livres et d'autres
formes d'information cherchent en permanence à établir un
standard monopolistique de propriété intellectuelle (avec
des traités comme le GATT), de façon à ce que personne d'autre
ne puisse leur soustraire les paquets de dollars (surtout
pas quelqu'un du tiers-monde); où les autres corporate cherchent
avec zèle à protéger leurs "secrets professionnels" de tout
espionnage industriel, le slogan "L'information veut être
libre" sonne comme le tic-tac d'une bombe à retardement.
[...]
[...] Steven Levy et d'autres, qui connaissaient les premiers
hackers du MIT, deviennent fous. Ce qui les rend furieux
c'est que ces "hooligans" des années 90 aient usurpé le
nom de "hackers." Ils préféreraient que ces gens soient
appelés des "crackers", parce qu'ils ne respectent pas la
"noble éthique hackers" des hackers du MIT - rendre la technologie
accessible à tous; décentraliser l'information; créer des
codes sources compréhensibles plutôt qu'élégants. [...]
"
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